Méconnu du grand public il y a encore trois ans, Teemu Pukki est désormais la fierté de Carrow Road et de son pays. À 30 ans, le natif de Kotka en Finlande, vit une deuxième partie de carrière en pleine lumière, loin, très loin, de ses débuts européens chaotiques. Retour sur l’ascension éclair d’un buteur hors pair.
De Norwich à Helsinki, de l’Angleterre à la Finlande, son nom ne cesse de résonner dans les gradins des différents stades. Devenu incontournable, Teemu Pukki enquille les buts, un par un, deux par deux, voire trois par trois depuis plusieurs mois. Avec l’attaquant, c’est bien simple, Noël se fête quasiment tous les week-ends. Une réputation de serial buteur qui s’est littéralement amplifiée à son arrivée sur le sol anglais. Mais avant cela, la carrière de Pukki a été jalonnée de doutes. Grand espoir du foot finlandais il y a plus de dix ans, l’attaquant de Norwich a mis du temps avant d’arriver à maturité et d’exprimer pleinement son potentiel.
Une migration chaotique
Partir de chez soi, la majorité à peine acquise, n’est pas chose aisée. Teemu Pukki fait partie de ces jeunes footballeurs a avoir quitté le nid à seulement 18 ans et l’a appris à ses dépens. Repéré par le FC Séville, l’un des plus grands clubs espagnols de l’époque, alors qu’il écume les terrains finlandais, l’attaquant ne tergiverse pas et accepte de rejoindre le club andalou. Un premier voyage loin de son pays d’attache. Sur place, Pukki n’arrive pas à se faire à la chaude vie espagnole, malgré la présence indispensable de sa mère, véritable pare-feu des doutes de son fils : “Le déménagement a été trop difficile à gérer pour moi. Je vivais loin de chez moi et les températures à Séville étaient bien plus élevées que celles auxquelles j’étais habitué en Finlande. Ma mère a pris une année sabbatique pour venir vivre avec moi explique l’intéressé dans une interview au Telegraph en août 2019. Elle m’a beaucoup aidé mais je souffrais de la barrière de la langue. À cet âge-là, j’étais bien plus timide que je ne le suis aujourd’hui. J’ai dû grandir plus vite. C’était très dur et ça n’a pas fonctionné, mais je ne voudrais pas revenir en arrière”.
Taiseux, mal dans sa peau, le séjour de Teemu Pukki en terre espagnole est un long chemin de croix. Le jeune attaquant, dont le potentiel avait immédiatement fait la Une dans la presse locale à son arrivée, est dépassé. Il lui faut six mois pour apparaître sur la feuille de match de l’équipe réserve du FC Séville, puis six autres mois pour (enfin) connaître une première apparition avec Séville après une quinzaine d’apparitions dans l’équipe B. Au total, Pukki ne sera apparu que 27 minutes en Liga, face au Racing Santander, le 25 janvier 2009. Un bilan famélique. Non conservé à l’issue de la saison 2008-2009 par Séville, le jeune Finlandais quitte l’Espagne sans jamais y avoir vraiment posé réellement les pieds, escorté de promesses non tenues.
Revenu au pays en plein été 2009, du côté du HJK Helsinki, Pukki doit effacer au plus vite l’image de ces mois ratés et montrer que son potentiel n’est pas usurpé. Dix mois lui suffisent pour retrouver la plénitude de ses capacités (onze buts, huit passes décisives en seulement dix-neuf rencontres disputées) avec en point d’orgue, un titre de champion 2010-2011 pour son club d’Helsinki. Courtisé, Teemu Pukki est finalement enrôlé par Schalke 04 après, ironie du destin, avoir inscrit trois buts contre le club allemand en barrage d’Europa League avec le HJK : “En deux matches contre nous, il a montré ce dont il était capable. On espère maintenant qu’il sera un grand renfort pour notre équipe » confie à l’époque Horst Heldt, le directeur sportif de Schalke au journal Bild.
Mais à nouveau, les promesses entrevues ne sont pas confirmées. Pukki tarde à prendre son envol. Les mois défilent et l’expérience allemande tourne à l’erreur de casting. En deux saisons, il n’est titulaire qu’à dix-huit reprises, ne faisant pas d’ombre au duo Raul-Huntelaar, ni même au bon attaquant roumain Ciprian Marica. Pour la deuxième fois, l’exode est un échec cuisant. Pukki doit alors à tout prix rebondir.
L’Écosse comme nouvelle terre d’accueil
Fin août 2013, en fin de mercato, Teemu Pukki décide de quitter l’Allemagne et rejoindre l’Écosse où le Celtic lui offre les coudées franches pour remplacer Gary Hooper, qui a cédé aux sirènes de Norwich en Premier League et laissé une réputation dithyrambique au Celtic Park. “Il est arrivé pour remplacer Hooper qui était le meilleur buteur raconte Elise Mathieu, co-gérante du compte Scottish Football France sur Twitter, c’était une grosse pression pour un jeune joueur avec en plus de la concurrence et une obligation de résultats”.
Neil Lennon (son ex-coach au Celtic) : “Pukki n’a pas vraiment montré ses capacités”
Les premiers pas sont pourtant prometteurs. Rentré en cours de jeu contre Heart of Midlothian, le Finlandais inscrit son premier but sous le maillot des Hoops avant de récidiver une semaine plus tard face à St Johnstone. Deux matches, deux buts. Puis, plus rien pendant de longs mois. “Quand il signe, il arrive dans une équipe qui vient de perdre son meilleur attaquant, mais il reste quand même Georgios Samaras, Anthony Stokes et Kris Commons qui joue milieu offensif ajoute Elise Mathieu. Au début, il est titulaire avec Stokes en pointe en championnat. En revanche, il est plutôt remplaçant en Ligue des Champions. Il marque peu, contrairement à Stokes et Commons. Puis, il perd sa place en fin d’année 2013 et ne la retrouve plus puisque Leigh Griffiths arrive au mercato d’hiver”. La suite n’est qu’un éternel refrain pour Pukki. À l’image de son passage à Schalke 04, l’attaquant de 24 ans ronge son frein et accumule les rentrées quelconques en fin de partie.
Dans une interview accordée à The Scotsman quelques années plus tard, son coach de l’époque, Neil Lennon, déclare un brin fataliste : “Il n’a pas vraiment montré ses capacités. Je ne sais pas si l’environnement était trop grand pour lui car il était déjà passé par Séville et Schalke 04 qui sont des clubs importants. Il n’a jamais été prolifique, mais nous sentions qu’il avait les qualités que nous voulions, mais il dira peut-être en retour qu’il n’a jamais eu la chance de les montrer sur le terrain”. En effet, sur l’ensemble de sa saison au Celtic, Pukki ne sera aligné qu’à treize reprises en tant que titulaire et combiné uniquement dix entrées en championnat. Un feu de paille.
À l’heure des comptes, le bilan global est loin de répondre aux attentes avec une trentaine de matches disputés et seulement sept pions inscrits. Loin des déclarations du début de saison : “J’ai l’opportunité de me montrer aux yeux du coach afin de pouvoir disputer chaque match. La seule façon d’y parvenir, c’est de travailler dur et marquer des buts” assénait le Finlandais au Daily Record.
Si à l’arrivée, Pukki a déçu, Elise souhaite tempérer sa saison sous le maillot des Bhoys : “Il n’a pas répondu assez présent, même si ça n’a pas été un flop complet contrairement à Derk Boerrigter, arrivé pour 4 ans et contre 3 millions de livres le même été”. Après avoir entamé la saison 2014-2015 au Celtic, disputant notamment les tours préliminaires de la Ligue des Champions contre Reykjavik, le Legia Varsovie et quelques rencontres de Scottish Premiership, l’attaquant décide de mettre fin à son séjour écossais. Direction le Danemark et Brondby, dans la banlieue de Copenhague.
Teemu Pukki : L’envol en catimini
Au pays de la Petite Sirène, Teemu Pukki devient rapidement l’un des pions essentiels de Brondby, éternel rival du FC Copenhague. Contrairement à ses dernières expériences, l’attaquant ne se cache plus et démontre toute sa palette de buteur : dix-huit buts lors des vingt-quatre premiers mois avant l’explosion… “Ses deux dernières saisons à Bröndby ont été excellentes confient les membres de Nordisk France, site de référence sur le football nordique il était parfaitement utilisé par l’excellent entraîneur allemand Alexander Zorniger qui lui a redonné énormément de confiance”. Et pas qu’un peu. Au Danemark, Pukki fait redouter toutes les défenses adverses. Le Finlandais est clinique, chirurgical et empile les buts à une vitesse vertigineuse.
“Ici, il a toujours convaincu, y compris dans les grands matches”
En quarante-six matches disputés, il inscrit la bagatelle de vingt-neuf buts et délivre dix passes décisives avant de récidiver lors de sa dernière saison sous le maillot jaune et bleu (dix-neuf buts, onze passes). “On ne doutait pas de son talent de buteur, poursuivent les membres de Nordisk France, il a toujours convaincu, y compris dans les grands matches. Les fans de Bröndby n’en diront que du bien. Il était très apprécié. Il avait notamment le fameux « Pukki Party » à sa gloire”. À 28 ans, Pukki arrive à maturité et si le titre de meilleur buteur du championnat lui échappe à chaque fois, le natif de Kotka a accumulé les saisons pleines et une ADN de buteur.
Le temps des doutes, de l’isolement et des critiques est révolu. De quoi susciter plusieurs envies, comme celle de regoûter à un championnat plus important. Cela tombe bien, Stuart Webber, tout juste nommé directeur sportif de Norwich City a voyagé plusieurs fois au Danemark pour superviser Pukki afin de le recruter. L’objectif du club de l’East Anglia, englué en Championship est clair, récupérer le Finlandais gratuitement et en faire son buteur vedette. La suite, on la connaît.
Les ailes jaunes et vertes
“Quand Norwich a commencé à discuter avec moi, je me suis dit que je n’avais aucune chance d’y aller. Je ne savais pas grand-chose sur le Championship, je pensais qu’on balançait tout le temps des longs ballons et qu’il y avait beaucoup de combat”. Teemu Pukki l’admet volontiers, lorsque Norwich l’a appelé, il a hésité. Dans son esprit, l’antichambre de la Premier League est un championnat loin de correspondre à son esprit footballistique et le jeu qu’il a connu au Danemark : “J’ai dit rapidement à mon agent que je voulais décliner cette proposition, mais il m’a convaincu de parler au moins au coach, Daniel Farke, avant de prendre une décision définitive”. L’entraîneur allemand, qui prône un football offensif, couvé et méticuleusement développé dans les pas de Jürgen Klopp à Dortmund, convainc vite l’international finlandais de signer pour les Canaries. “Il me suivait depuis mon passage à Schalke 04. Il avait fait pas mal de recherches sur ma personnalité et parlé à des anciens coéquipiers pour savoir si j’étais le profil idéal. Avant même de me voir, il savait déjà que je ferais partie de l’équipe…”
“Au Celtic, je n’étais pas assez fort physiquement pour m’imposer, contrairement à maintenant”
Cette rencontre va changer le destin de Teemu Pukki et le faire rentrer dans une autre dimension. Le nouveau canari a les dents longues et bien qu’il ne débute pas la saison à la pointe de l’attaque, mais sur un côté, ses premières foulées avec le maillot jaune et vert sont appréciées par le public exigeant de Carrow Road. Buteur, malgré une défaite contre West Bromwich lors de la deuxième journée de championnat, Pukki vient de devenir le centre d’attention des fans de Norwich et jouit d’une cote de popularité montante, au même titre que les gamins du club, Todd Cantwell et Max Aarons. Combatif, généreux, et pas ingrat dans les tâches défensives, le Finlandais ajoute d’autres cordes à son arc : “Lors des matches, je défends beaucoup plus qu’auparavant. En travaillant pour l’équipe, je me sens bien plus impliqué explique-t-il dans une interview au Guardian en décembre 2018 C’est totalement différent de mon passage au Celtic. Là-bas, je n’étais pas assez fort physiquement pour m’imposer. Contrairement à maintenant”.
Mieux dans son corps, Pukki découvre également une formation de Norwich plaisante et surtout, portée vers le jeu, comme son entraîneur lui avait promis. “Nous voulons à tout prix relancer au sol avec des passes courtes. Il y a beaucoup de mouvements, beaucoup de courses de la part de mes partenaires. Nous nous créons de nombreuses occasions et c’est très important pour moi”. Dans ce contexte, difficile alors de ne pas enchaîner les bonnes prestations et Teemu Pukki, en chasseur de buts qu’il est depuis plusieurs saisons, va répondre à l’attente qu’il a suscitée et ce, avec monstruosité.
“Darren Huckerby : Pukki a coûté moins cher qu’un Mars”
À Norwich, l’ancien buteur de Bröndby va surnager et emmener son club jusqu’à la Premier League avec en prime, la première place à la clé. En quarante-trois rencontres, la copie de Pukki ne souffre d’aucune contestation : vingt-neuf buts, dix passes décisives. Le titre de meilleur buteur lui est offert en grande pompe, tout comme le titre de meilleur joueur de la saison et une présence, forcément, dans le XI type de Championship. Dans les gradins de Carrow Road, une chanson à sa gloire “Teemu Pukki baby” résonne sur l’air de Don’t you want me, du groupe britannique The Human League. Les louanges pleuvent dans le Norfolk et plus généralement en Angleterre, où ses prestations sont saluées et suscitent l’envie. Pukki a retrouvé la lumière et se sait attendu par la Premier League. Le show peut continuer.
“Pukki a coûté moins cher qu’un Mars”, Darren Huckerby, ancienne gloire de Norwich au milieu des années 2000 ne croit pas si bien dire. Le Finlandais n’a rien coûté aux Canaries l’été précédent. Pas un seul centime. De quoi satisfaire l’intéressé dans une interview accordée au Telegraph : “Il y a trop d’argent dans le football aujourd’hui, avec tous les frais de transfert de plus en plus élevés. Je ne coûte rien, donc je pense que c’était une très bonne affaire pour Norwich”. Et sur le terrain, Pukki le rend bien avec une première saison auréolée de succès. Mais confirmation doit être faite dans la plus grande ligue du monde.
L’entrée est finalement fracassante. En seulement trois journées, l’attaquant des Canaries continue de faire gonfler ses stats en scorant à une reprise contre Liverpool et Chelsea, puis en collant un formidable triplé à une défense de Newcastle aux abois. À la sortie du terrain contre les Magpies, son entraîneur, Daniel Farke ne peut que s’incliner devant un parterre de journalisme unanime : “C’était une grande performance de sa part, pas seulement ses buts, mais le travail qu’il fournit, sa capacité à mettre du liant dans notre jeu. Il a donné le ton en faisant des courses de 70 mètres pour aider sa défense. Il incarne l’esprit de notre équipe.” Quelques semaines semaines plus tard, face au champion en titre, Manchester City, Norwich réussit l’exploit de s’imposer dans un Carrow Road volcanique (3-2). Buteur, pour la sixième fois, Pukki impressionne par sa justesse devant la cage adverse.
La Premier League est sous le charme et les papiers à sa gloire s’enchaînent dans la presse. L’ascension est vertigineuse. “J’ai 29 ans et ça a été un long chemin jusqu’ici. Ce n’est pas facile d’être footballeur. C’est beaucoup de travail et d’engagement aussi hors du football, et j’ai joué dans plein de différents pays. Mais j’ai l’impression que ça porte enfin ses fruits”. En l’espace d’un an, le Finlandais est passé d’une réputation nationale au Danemark, à une réputation internationale. Starifié, surmédiatisé et approuvé par les anciens joueurs de Premier League, dont les illustres finlandais Jari Litmanen ou Sami Hyypiä, Teemu Pukki est passé dans la cinquième dimension.
La suite est pourtant moins réjouissante. Face à une adversité féroce, la jeune équipe de Norwich est dévorée par l’enjeu. Rapidement, les défaites s’enchaînent. Les Canaries sont mis au sol tous les week-ends. Le couperet d’une descente immédiate plane au-dessus du Norfolk. Pukki, lui, reste muet pendant de longues semaines et ne retrouve le chemin des filets qu’à trois reprises dans un mois de décembre où Norwich parvient – timidement – à récolter cinq points en sept rencontres. Lanterne rouge au moment de commencer l’année 2020, Norwich n’y crois plus vraiment et le confinement ne changera rien. À l’amorce du sprint final en juin, dans des stades vides, les Canaries ont rendu les armes et s’inclinent lors des neuf dernières journées. Le retour en Championship est programmé.
Teemu Pukki n’a plus inscrit le moindre pion depuis janvier et s’arrête à un total de onze réalisations. Un score plutôt flatteur. En deux saisons anglaises, le Finlandais aura inscrit quarante buts et beaucoup appris : “La Premier League est le haut niveau. Nous l’avons vu cette saison. Toutes les équipes tentent leurs chances et à la moindre erreur adverse, elles marquent. Ce n’est pas une surprise, car il y a ici les meilleurs joueurs du monde. Lors de certains matches, vous savez que vous n’avez aucune chance de gagner”.
Même s’il a été courtisé durant l’été – Daniel Farke a parlé de plusieurs sommes astronomiques reçues par le board du club – à l’instar de nombreux coéquipiers qui ont décidé de quitter le club (Ben Godfrey, Jamal Lewis entre autres), Teemu Pukki a décidé de rester à Norwich. L’objectif est bien évidemment clair : retrouver la Premier League dès la saison prochaine. Si pour l’heure, le buteur des Canaries est moins en verve devant le but (quatre réalisations inscrites pour l’heure), nul doute que son expérience sera un atout précieux. “Ce n’est pas le début de saison que je souhaitais, mais j’ai quand même inscrit quatre buts et je suis confiant pour les prochaines rencontres” a-t-il confié au site du club il y a une dizaine de jours. La “party” de Pukki n’est pas terminée.
Teemu Pukki : La fierté d’un peuple
Star de Norwich, Teemu Pukki est l’un des joueurs majeurs de la sélection finlandaise qui disputera son premier Euro dans quelques mois (NDRL : La Finlande appartient au groupe B avec la Belgique, le Danemark et la Russie). Auteur de dix buts en qualifications, l’attaquant de 30 ans dispose d’une cote de popularité intacte dans son pays, mais contrairement aux apparences, il n’est pas l’unique star de la sélection comme nous l’explique Nicolas, l’un des gérants du site Nordisk Football : “La force de la Finlande, c’est le collectif. L’équipe ne joue pas vraiment que pour Pukki. Certes, il a inscrit dix buts en qualification sur les seize inscrits et c’est le finisseur de l’équipe, mais ses coéquipiers ne vont pas lui faire à tout prix la passe car il est démarqué. Il y a des joueurs comme Glen Kamara (Rangers) et Lukas Hradecky (Bayer Leverkusen) qui sont tout aussi importants”.
Mais en dehors des terrains, c’est le joueur de Norwich qui récolte tous les suffrages au pays. Ses récentes performances en Angleterre, le championnat le plus suivi en Finlande, a donné un nouvel élan au foot local, souvent dans l’ombre des sports nordiques et mécaniques. “En janvier dernier, Pukki a été désigné sportif finlandais de l’année au Gala du sport, devant Lukas Hradecky et le pilote de F1 Valtteri Bottas. C’est seulement le troisième footballeur à recevoir ce titre après Litmanen (1995) et Hyypia (2001). Ça montre l’envergure qu’est en train de prendre le football au sein du pays et Pukki n’y est pas étranger”.
“Norwich l’utilise pour s’implanter dans le pays. J’ai lu récemment que le Finlande est le second marché au détail pour le club”
Si vous croisez d’ailleurs un fanatique de football dans les rues de la capitale, ou même dans plusieurs cités du pays, vous serez sans doute surpris qu’il sache les scores de Norwich. Car en Finlande, le club du Norfolk est désormais connu de tous : “Norwich l’utilise pour s’implanter dans le pays, poursuit Nicolas, j’ai lu récemment que la Finlande est le second marché au détail pour le club à travers le monde. Ils en ont fait une grande stratégie marketing, avec un accord de coopération avec l’une des principales agences de marketing en Finlande, et avec des entreprises finlandaises pour s’associer sur la fabrication de produit comme pour des bières Norwich IPA qui sont présentes dans les magasins et les restaurants. Ils avaient aussi mis une boutique éphémère officielle des Canaries dans un centre commercial d’Helsinki qui avait bien fonctionné. Ils ont même organisé en octobre dernier une série de camps de football dans la station d’Eerikkilä, siège de la Sami Hyypia Academy.
Véritable produit marketing, Teemu Pukki suit la trace de ses glorieux aînés qui eux aussi ont réussi une carrière en Angleterre et en équipe nationale : Jari Litmanen, Sami Hyypiä, Mikael Forsell et Jussi Jääskeläinen. Auteur de vingt-cinq buts en quatre-vingt-deux sélections, l’attaquant n’est plus très loin du record en sélection de Jari Litmanen (32) et devrait sans doute le dépasser dans les années à venir. Dans un premier temps, il devra effacer la marque de Mikael Forsell (29 buts), deuxième meilleur buteur de l’histoire du foot finlandais : “Clairement au niveau historique du football finlandais, Teemu Pukki a désormais sa place dans la liste des meilleurs joueurs finlandais. Il appartient déjà au cercle fermé d’être dans les huit joueurs finlandais à avoir pu jouer quatre-vingt matchs en sélections” analyse Nicolas.
Alors, forcément, en jetant un oeil dans le rétroviseur, le parcours de Teemu Pukki suscite une admiration sans vergogne. Les passages ratés à Séville, à Schalke 04 et au Celtic semblent être aujourd’hui de lointains souvenirs. “Il a souvent été catégorisé comme un flop à Séville, Schalke ou au Celtic où il n’a pas su s’adapter ou être bien utilisé confirme Nicolas. Cela renforce encore plus le succès qu’il peut avoir aujourd’hui avec la sélection et qu’il peut avoir en club. Les Français ne doivent pas connaître beaucoup de footballeurs finlandais qui vont jouer ce soir, mais Teemu Pukki c’est quasiment sûr qu’ils le connaissent”. Sans doute, car en à peine quelques mois, le buteur Finlandais est passé de l’ombre à la lumière. Une étourdissante ascension à l’aube de son passage vers la trentaine. Comme le bon vin, Pukki s’est bonifié avec le temps. L’oiseau s’est définitivement envolé de son nid.