De nos jours, la nouvelle génération d’amoureux du ballon rond ne connait que très peu l’histoire d’Éric Cantona. Son coup de pied pour un supporter de Crystal Palace un soir de janvier 1995 est souvent le souvenir que les gens ont gardé de lui. Il est donc temps de retracer la longue histoire du footballeur qui a fait vibrer l’Angleterre pour certains ou du “bad boy” qui a (trop) suscité les polémiques pour d’autres : Éric Cantona.
Des débuts difficiles en France
Bien que né à Marseille, le talentueux Éric Cantona, 15 ans, décide de rejoindre le centre de formation de l’AJ Auxerre où il y fera ses gammes. Guy Roux, entraîneur mythique de l’AJA, le lance dans le grand bain de la D1 dans un premier temps contre Nancy en 1983 puis contre Lens quelques semaines plus tard. On ne le reverra pas en pro avant la saison 1984-1985. En effet, Guy Roux préfère le laisser s’exprimer en équipe réserve, championne de troisième division dans une saison où Cantona marqua à 20 reprises. Malgré ses bonnes performances en réserve, Éric n’arrive pas à s’imposer avec l’équipe première. Pourtant Guy Roux lui avait donné sa confiance et avait réussi à canaliser le caractère du bad boy par sa discipline tant réputée. Il est alors prêté à Martigues pour une saison en 1985. À son retour en Bourgogne en 1986, Roux lui fait signer son premier contrat professionnelle et Éric devient enfin un élément clé de l’équipe A et marque 17 buts, puis 13 la saison suivante ce qui va lui permettre de connaître sa première sélection en Équipe de France et d’être transféré à l’OM, sa ville natale. Son aventure marseillaise va malheureusement tourner au cauchemar quand Cantona va exprimer son mécontentement après que Gérard Gili, son entraineur, le remplace lors d’un match amical en 1989. La même année, il insulte publiquement Henri Michel qui ne l’a pas sélectionné avec les Bleus: Cantona est suspendu un an. Il s’agit là d’un des premiers coups d’éclats médiatique qui vont le suivre toute sa carrière. C’est aussi là que sa descente en enfer commence en France, il est prêté à Bordeaux, puis à Montpellier pour ensuite retourner à Marseille et finir à Nîmes. Dans chacun de ces clubs, il connaît l’échec. Il décide alors, par orgueil sûrement, de mettre un terme à sa carrière en décembre 1991. Pour toujours, Cantona verra en la France un pays où il n’a jamais vraiment réussi à s’imposer que ce soit en sélection ou en club. Son seul bon souvenir en France est son passage à l’AJ Auxerre.
« La France ne mérite pas Auxerre, l’Angleterre sans doute, mais pas la France. »
Renaissance en Angleterre
En janvier 1992, sur les conseils de Michel Platini, Éric Cantona décide finalement de se relancer en Angleterre. Il refuse tout d’abord de signer à Sheffield Wednesday, trop hésitant à le faire signer après lui avoir donné un essai. Sur les conseils de Gérard Houiller, Leeds United fait une offre et cinq jours plus tard, Cantona est un joueur de Leeds. Le français ne parle pas un mot d’anglais et débute dans un rôle de remplaçant dont il va rapidement se débarrasser car dès le mois de mars, “Canto” parvient à s’imposer, à impressionner et sera un acteur majeur du premier titre de champion du club depuis 18 ans. Là-bas, Cantona a trouvé chaussure à son pied et son talent peut enfin s’exprimer. À l’intersaison, lors du Charity Shield, il devient le premier joueur de Leeds à marquer un triplé à Wembley et offre un nouveau trophée à son équipe qui l’emporte 4 à 3. L’Angleterre est à ses pieds, Sir Alex Ferguson aussi. Ce dernier le recrute à Manchester United la saison suivante en novembre 1992.
“I love you, I don’t know why but I love you” aux supporters de Leeds après le titre
Éric Cantona : The King of Manchester
Dès sa première saison, il confirme et remporte son 2e titre de champion d’Angleterre successivement, le premier depuis 26 ans pour Man Utd. Il devient également le premier joueur à réussir cet exploit avec deux clubs différents. Eric the King est né. Selon Ryan Giggs, le déclic est arrivé en même temps qu’Éric : « Quand il est arrivé les buts ont commencé à pleuvoir ». Le français va gagner en popularité en Angleterre, ses ballons piqués, ses passes en « aile de pigeon », ses dribbles et slaloms vont faire lever, crier Old Trafford qui chante encore à son nom de nos jours. À Manchester, on n’oublie pas. Mais surtout, là-bas, il va remporter des trophées majeurs dans un grand club : le rêve de tout footballeur. La saison suivante, Man Utd remporte le doublé Cup-Championnat.
Le tournant de la carrière du King arrive en 1995 quand il donne un coup de pied à un supporter de Crystal Palace qui l’avait insulté. Cette affaire va diviser les anglais en deux : ceux qui vont voir en ce geste le coup de sang de trop et ceux qui vont louer ce geste qui perpétue le mythe Cantona. Résultat : MU est privé de Cantona pour 9 mois. Ce geste aurait pu évidemment mettre fin à l’idylle mancunienne mais comme un signe de reconnaissance pour tout ce qu’il a apporté, le club décide de le soutenir. Ce geste l’éloignera tout de même définitivement de l’Équipe de France alors qu’Aimé Jacquet en avait fait son capitaine. Sa non-participation à la Coupe du Monde 1994 et à l’Euro 1996, ainsi que sa carrière en équipe de France resteront malheureusement les principaux regrets de sa carrière. La réaction de Cantona à l’affaire ? Une citation, désormais mondialement connue : « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer ». Ces déclarations font également la légende d’Éric Cantona et sont particulièrement appréciées dans le nord de l’Angleterre.
Col relevé, Cantona fait son retour le 1ER octobre 1995 sur les pelouses anglaises, contre l’éternel rival de MU : Liverpool. Il ne faut que 2 minutes au King pour faire une passe décisive pour Nicky Butt et inscrira un but sur pénalty, la foule est en délire, le King est de retour et est désicif dans un grand match. Cantona va très vite retrouver son meilleur niveau et va encore une fois permettre à MU de remporter le championnat. Ils vont même parvenir à emporter le doublé grâce à un but d’Éric à la 86e minute en finale de Cup contre…Liverpool! Dans son livre sorti en 2013, Sir Alex Ferguson soulignera son mental de compétiteur, son travail rigoureux à l’entraînement, sa volonté de toujours faire plus et ira même jusqu’à dire qu’Éric a révolutionné sa manière de voir l’entraînement, ces même entraînements qui joueront un rôle clé dans le succès de MU dans les années 2000. À Manchester, il y a un avant et un après Cantona.
“Je joue pour me battre contre l’idée de perdre” Éric Cantona
Cantona met un terme sa carrière à 30 ans en 1997, à l’apogée de sa carrière. Il part comme un roi, sur deux titres de champion d’affilés en 1996 et 1997, et après avoir été nommé deux fois “Joueur de l’année” en Angleterre. Les supporters de Manchester United, au cours d’un sondage, l’ont élu comme le meilleur joueur à avoir joué au club. Pas mal non? Bref, son caractère, ses buts et ses déclarations auront marqué une ville, un pays et une génération entière.
Éric Cantona : L’Après-Carrière
Une fois à la retraite, Cantona a pu pleinement se donner dans ses deux autres passions, la peinture et le cinéma, dont il avait déjà commencé à profiter en fin de carrière. En 1995, pour son premier film, il joue dans “Le bonheur est dans le pré” par exemple. À travers le cinéma, il continue de perpétuer le mythe Cantona avec des déclarations comme “I’m not a man, I’m Éric Cantona” dans le film “Looking for Éric” qu’il a coproduit en 2009. Heureusement, une fois à la retraite, il n’a jamais vraiment abandonné le football non plus. Dans un premier temps ambassadeur du Beach soccer en France, il va ensuite être sacré champion du monde dans la discipline en tant qu’entraîneur-joueur en 2005. Il va également devenir directeur sportif de NY Cosmos en 2011, poste qu’il quittera finalement en 2012. De plus, Éric the King ne se prive pas de commenter l’actualité du football, comme par exemple le cas Benzema en équipe de France qui lui coûtera une mise en examen. En résumé, Cantona et le football, c’est une histoire d’amour tumultueuse.
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