Soulier d’or à la Coupe du Monde 2018, Harry Kane a la particularité de n’avoir marqué aucun but lors de ses deux participations aux Championnats d’Europe. 0 but en 7 matchs (485 minutes) contre 6 buts en 6 matchs (573 minutes) en Russie. Depuis le début de cette édition 2021, le petit de Chingford est à l’image de sa sélection – sans aucune idée de jeu, sans fondement solide (bien que l’on sente une certaine montée en puissance) et surtout sans aucun point de comparaison avec ses performances en club.
Harry Kane : Un lion en cage ?
Il y a un peu plus d’un mois, le journaliste italien Fabrizio Romano déclarait qu’Harry Kane souhaitait quitter Tottenham avant le début de l’Euro. Une information qui n’émanait pas du club, puisqu’il n’y a pas eu de contacts entre Daniel Levy, président du club et son talisman. Certaines personnes pensent donc que c’est son frère et agent, Charlie, qui a révélé cette information dans le but de pousser le club à la vente en le mettant sous pression.
Harry Kane desire to leave Tottenham is confirmed.
He’s NOT handed in a transfer request but he hopes to find a solution.#THFC position: NO intention to sell Kane.
Kane would refuse a new contract, as of today.
Man City are seriously interested, planning to open talks. #MCFC— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) May 19, 2021
L’enfant de Chingford voudrait rester en Angleterre mais les options sont minces. Manchester United ne souhaite pas recruter un nouvel attaquant selon Sky Sports, Chelsea ne pourrait recruter la star du club rival… il ne resterait donc que Manchester City. Quant à son prix, fixé à hauteur de 150M£ (174M€), il serait dissuasif dans un contexte de pandémie où la plupart des joueurs ont perdu en valeur et où les transferts se font via un prêt dans un premier temps. Sans compter que Kane n’a pas de prix pour Tottenham.
Bloqué dans le Nord de Londres, Harry Kane est parti en sélection avec cette envie d’ailleurs, après une saison assez difficile à vivre pour lui sous les ordres de José Mourinho. Pour autant, il a pour habitude de laisser ses problèmes à Hotspur Way en se rendant à St George’s Park, camp d’entraînement des Three Lions et c’est toujours un tout autre joueur que l’on aperçoit sous le maillot national. Le problème semble, dès lors, être tout autre.
Un style de jeu différent de 2018
Après un Euro 2016 vécu comme une période d’apprentissage pour le joueur dans le contexte d’une faillite générale à mettre sur le compte du sélectionneur de l’époque, Roy Hodgson, la Coupe du Monde semble avoir agi comme un révélateur sur le joyau de la couronne. Soulier d’or, première demi-finale depuis 2018 et une décoration du MBE (Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique), Harry Kane s’est ainsi offert une place au soleil.
Les raisons d’une telle performance sont multiples. Tout d’abord, la tactique et les intentions de jeu. En Russie, Southgate avait opté pour un 3-5-2. Le jeu des Three Lions se concentrait sur les côtés alors que le milieu de terrain rencontrait d’énormes problèmes dans la construction et le contrôle. En revanche, l’équipe excellait dans le pressing. Dans ces conditions, Harry Kane s’est toutefois retrouvé servi en bons ballons et réussit ainsi à mener cette équipe loin dans le tournoi.
Lors de cet Euro, le jeu semble se faire plus bas dans l’entre-jeu dans le double objectif d’avoir la possession du ballon et d’utiliser au mieux la technicité des joueurs anglais. Harry Kane ayant un rôle beaucoup plus bas en club, il semblait intelligent de s’organiser ainsi, l’attaquant aspirant au moins deux joueurs dans ses déplacements tout en laissant du champ à un Raheem Sterling pour prendre la profondeur. Face à la Croatie et l’Ecosse, le milieu Rice-Phillips-Mount avait, quant à lui, pour mission de contrôler le milieu de terrain. Cette tactique s’est cependant traduite par des difficultés pour jouer vers l’avant ou changer de rythme.
Lors du dernier match de la phase de poules face à la République Tchèque, des éclaircies notables ont pu être relevées. A cette occasion, Gareth Southgate avait opté pour un 4-2-3-1 avec un latéral gauche de métier, un double-pivot Rice-Phillips et une attaque virevoltante composée de Saka, Grealish, Sterling et Kane à la pointe de l’attaque. Alors que les deux premiers matches avaient révélé une rigidité dans le positionnement des joueurs, l’Angleterre a vu ses 4 joueurs offensifs se déplacer, permuter ou changer de système selon les occasions. Leur déplacement conjugué au pressing haut des tchèques lors des phases de possession des Three Lions garantissait une fluidité dans le jeu. Cette organisation a profité à Kane, lui permettant grâce à ses déplacement, de lancer Grealish lors de l’action du but de Sterling. De même, ce schéma tactique est à l’origine de sa prouesse suite à une longue passe du revenant Harry Maguire. Sur ce ballon, Harry Kane s’amuse avec Tomas Kalas avant de contraindre Tomas Vaclik à un arrêt prodigieux sur son second poteau. Deux actions à l’occasion desquelles Kane a fait montre de tout son talent, tant dans le support que dans la finition.
Si l’Angleterre persiste dans ce style tactique et rencontre une équipe qui joue et presse haut, nul doute que Kane se réveillera. Situation rêvée: l’Angleterre va affronter un vieil ennemi en huitièmes de finale.
Le réveil obligé
Harry Kane, très concerné par ce match – il a demandé aux supporters de l’Angleterre de ne pas chanter certains banters contre l’Allemagne -, aura à cœur de démontrer tout l’étendu de son talent afin de mener son équipe vers les sommets.
La Mannschaft ne s’est pas jusqu’à présent réellement montrée à son avantage lors de cet Euro, avec des errements défensifs venus gâcher les matchs comme face à la France ou la Hongrie. Si l’Angleterre réitère la tactique adoptée face à la République Tchèque, à trois ou quatre défenseurs, une telle situation profitera à Kane, même s’il ne marque pas.
Nous connaissons Kane depuis quelques saisons désormais. Il a démontré que les critiques n’ont guère d’emprise sur lui. Dans sa bulle de St Georges’ Park, Harry Kane ne semble montrer aucun signe de baisse de confiance. Il explique même son état par une « simple » méforme physique : « Il s’agit d’arriver au top au bon moment et le bon moment dans un tournoi est la phase à élimination directe. Les deux premiers matchs n’étaient pas les meilleurs, j’aurais pu m’améliorer mais je me suis senti bien mieux lors du troisième match. J’ai été beaucoup plus impliqué, non seulement avec le ballon mais également sans ainsi que dans la conservation. Je suis au bon moment. Lors du match face à l’Allemagne, j’atteindrai ma meilleure condition physique lors du tournoi conformément à mon objectif. En Russie, j’ai commencé le tournoi en feu, j’ai marqué beaucoup de buts avant de plonger lors du quart et demi-finale. La chose la plus importante est de rester calme, tout comme l’équipe, et nous sommes en place pour le gros match face à l’Allemagne. »
Espérons pour l’Angleterre que ce début d’Euro calme est une stratégie voulue par son capitaine, et qu’une rencontre aussi importante dans une carrière ne peut que réveiller le lion en lui. Car comme l’a récemment déclaré Raheem Sterling: « Je sais qu’Harry répond toujours au moment opportun. »