Samir Nasri : Ascension, chute et mystère d’un talent gâché

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Il fut un temps où Samir Nasri incarnait l’avenir du football français. Un meneur de jeu inspiré, un dribbleur élégant, un technicien raffiné. Formé à Marseille, propulsé sur la scène internationale dès ses 19 ans, il semblait promis à une carrière au sommet. Pourtant, l’histoire du « Petit Prince du Vélodrome » a suivi une trajectoire bien différente. Entre éclats de génie et controverses, entre succès et échecs, la carrière de Nasri s’est éteinte presque en silence, loin des projecteurs qui avaient illuminé ses débuts.

Les promesses d’un prodige

Dès ses premières foulées sous le maillot de l’OM, Samir Nasri impressionne. Son toucher de balle, sa vista et sa capacité à dicter le jeu rappellent un certain Zinedine Zidane, avec qui il partage des origines algériennes et marseillaises. Rapidement, les comparaisons se multiplient, parfois encombrantes pour un jeune joueur qui n’a encore rien prouvé au plus haut niveau.

Après quatre saisons convaincantes sur la Canebière, il attire l’attention d’Arsène Wenger, qui voit en lui un futur maître à jouer pour Arsenal. En 2008, le club londonien débourse environ 12 millions de livres pour s’attacher ses services. L’adaptation est rapide. Sous les ordres du technicien alsacien, Nasri progresse et s’impose comme un élément clé du milieu de terrain des Gunners. La saison 2010-2011 est celle de la confirmation : il inscrit 10 buts en Premier League et devient l’un des joueurs les plus en vue du championnat anglais.

Mais l’idylle avec Arsenal prend fin brutalement. Attiré par les sirènes de Manchester City et la promesse d’un salaire plus conséquent, il force son départ à l’été 2011, s’attirant les foudres des supporters londoniens. Gary Neville, ancien défenseur de Manchester United, ira jusqu’à le qualifier de « cancer » pour l’ambiance d’un vestiaire.

Un sommet atteint trop tôt

À Manchester City, Nasri débute sur les chapeaux de roue. Dès sa première saison, il contribue activement au sacre des Citizens, qui décrochent en 2012 le premier titre de champion d’Angleterre de leur histoire dans une fin de saison épique. Deux ans plus tard, il inscrit le but qui scelle un second sacre pour City. Mais peu à peu, son influence diminue. La concurrence féroce, quelques blessures et des tensions internes le poussent vers l’ombre.

En 2017, après un passage mitigé au FC Séville, il tente une expérience exotique à Antalyaspor, en Turquie. Un choix surprenant pour un joueur de son talent, qui semble déjà en déclin alors qu’il n’a que 30 ans. Puis vient l’épisode qui scellera définitivement la fin de sa carrière au plus haut niveau : une suspension d’un an pour une injection de vitamines jugée non conforme par l’UEFA. Un tournant qui, selon ses propres mots, brise son lien avec le football.

Un exil discret et une retraite dans l’anonymat

Après cette suspension, Nasri tente un ultime retour en Angleterre avec West Ham en 2019. Malgré quelques éclairs, son corps ne suit plus. Il enchaîne les blessures et quitte le club après seulement huit matchs. Son dernier challenge, à Anderlecht sous les ordres de Vincent Kompany, tourne au fiasco. À l’été 2020, la pandémie de Covid-19 met un terme prématuré à cette aventure belge.

Longtemps, il caresse l’idée d’un dernier défi sous les couleurs de l’OM, le club de son cœur. Mais cette ambition restera lettre morte. Finalement, c’est lors d’un match caritatif en 2021 qu’il fait ses adieux officiels au football, loin des adieux en grande pompe que certains de ses contemporains ont connus.

Un héritage contrasté

Nasri a marqué son époque, mais pas de la manière dont il l’aurait souhaité. À l’international, il symbolise malgré lui la génération maudite du football français, celle du fiasco de Knysna en 2010, bien qu’il n’ait pas participé à cette Coupe du Monde. Jugé ingérable, il est progressivement mis à l’écart par Didier Deschamps et ne sera jamais rappelé après 2014.

Les polémiques l’auront poursuivi tout au long de sa carrière, du clash avec William Gallas aux insultes de sa compagne envers le sélectionneur français. Talent pur mais tempérament volcanique, Nasri a laissé autant de souvenirs brillants que d’occasions manquées.

Aujourd’hui, il se reconvertit dans les médias en tant que consultant, avec l’ambition de devenir entraîneur. Reste à savoir si le joueur qui a souvent défié l’autorité saura un jour incarner celle d’un coach. Une chose est sûre : son histoire, entre promesses et désillusions, restera comme l’un des plus grands « et si… » du football français.

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