Il y a plus de 19 ans, Tony Cascarino quittait le championnat de France en terminant carrière au Red Star en National. Si cette dernière expérience francilienne tourne court, le buteur reste une icône du football de la France des années 90. Il est toujours le dernier joueur de l’île Émeraude à avoir foulé les pelouses de la première division française. Néanmoins depuis le début de la saison 2019/20, le drapeau vert-blanc-orange est représenté en Ligue 2 par l’intermédiaire d’un international… Tunisien ! Quel rapport ? Ayman Ben Mohamed qui évolue au Havre Athletic Club a une maman irlandaise, il a grandi et a passé sa jeunesse à Dublin. Il a aussi évolué dans le championnat irlandais à UCD, Longford Town et Bohemian F.C.
En attendant l’arrivée de Ben Mohamed en Ligue 1, on vous offre un voyage dans le temps avec le portait de 10 joueurs irlandais ayant porté le maillot de clubs français.
Le pionnier – Owen McCahill (1932–1934, CA Paris)
Depuis 1885 et pendant plusieurs décennies, le championnat anglais ne souffrait d’aucune concurrence sur le marché des transferts. Il était le seul à offrir un statut professionnel à ses joueurs. La création de l’American Soccer League dans les années 1920 aux Etats-Unis puis des championnats professionnels en Autriche (1924), en Tchécoslovaquie et Hongrie (fin des années 1920), en Espagne (1930) et en France (1932) offrirent les premières expatriations footballistiques de joueurs évoluant en Grande-Bretagne, attirés par l’exotisme, l’argent et le cadre de vie. Les clubs français commencèrent des opérations de recrutement dans toute l’Europe, et l’Angleterre et l’Écosse étaient particulièrement visées car ils regorgeaient de joueurs d’excellent niveau. Les effectifs des équipes britanniques furent drastiquement réduits durant cette période d’entre deux guerres.
Le globe-trotter Owen McCahill, irlandais né a Glasgow en 1911 s’était déjà promené dans les championnats Anglais, Irlandais, Nord-Irlandais et Écossais avant de s’intéresser au tout frais championnat de France. En 1932, McCahill débarque dans la capitale pour 2 saisons, mais le CA Paris n’arrive pas à s’adapter pas au professionnalisme. L’expérience se termine par une relégation qui fait perdre le statut pro au club, mettant fin à l’aventure de l’irlandais qui retrouvera les terrains anglais la saison suivante avec Fulham, sans jamais s’imposer. En 1937, après plusieurs saisons dans des équipes réserves de club anglais, il dépoussière son passeport pour mettre cap sur l’Italie. Mais il sera stoppé net à la frontière n’obtenant pas l’autorisation de jouer. La fédération italienne souhaitait réguler l’arrivée massive et soudaine de joueurs étrangers.
Le romantique – Bernard Williams (1932–1946, AS Valentigney, FC Sochaux Montbéliard)
Arrivé comme Owen McCahill à la naissance du championnat de France professionnel en 1932, le natif de Dublin est l’irlandais ayant évolué le plus grand nombre de saisons en France. Il est resté fidèle au FC Sochaux Montbéliard quatorze saisons durant, remportant deux titres de D1, un titre de D2 et deux coupes de France. Il figure parmi les grands noms du club doubiste. Le plus beau palmarès d’un irlandais en France. Cette longévité non-programmée à son arrivée n’était pas uniquement liée à son amour pour le stade Bonal. Il tomba sous le charme d’une belle sochalienne qui devint sa femme en 1936 et Williams pris la citoyenneté française.
Avec Williams, de nombreux joueurs étrangers contribueront a cette période dorée sochalienne des années 1930.
Son périple hexagonale débuta en Franche-Comté à l’AS Valentigney, mais ses qualités seront vite repérées par le jeune mais expérimenté entraîneur écossais du FC Sochaux Montbéliard, Victor Gibson. Le FCSM lui offrit un des plus gros salaire du club et la légende était en marche. Avec Williams, de nombreux joueurs étrangers contribueront a cette période dorée sochalienne des années 1930. Les clubs professionnels étaient autorisés à aligner 4 joueurs étrangers. Williams fut tour à tout associé à l’anglais Lee Miller, l’uruguayen Conrad Ross, le terrifique duo d’attaquants suisse André “Trello” Abegglen et Roger Courtois, l’argentin Miguel Lauri…
La Seconde Guerre mondiale vient interrompre le championnat de France. De retour aux affaires domestiques en 1945/46, le FC Sochaux Montbéliard fut malheureusement relégué à l’issue de la saison, et Williams y terminera sa carrière à 38 ans en D2 en 1947. Il restera dans l’encadrement du club plusieurs années devenant entraîneur des jeunes.
L’opportuniste – Tom Davis (1934–1935, FC Metz)
Né à Dublin en 1911, Davis s’est fait un nom sur les pelouses irlandaises et anglaises avant son exil sur le continent. Son surnom “The Menace” est apparu après avoir marqué 50 buts en 77 matchs de troisième division britannique avec la tunique de New Brighton. Des performances décortiquées par les dizaines de recruteurs européens prêts à dénicher les perles irlandaises, écossaises ou anglaises afin de renforcer les championnats professionnels naissants. Le FC Metz se précipita sur la pépite irlandaise qui prétendait à meilleur sort que le troisième échelon britannique. Une opportunité bienvenue pour l’attaquant qui fit ses valises du jour au lendemain et atterrit en Moselle.
À cette époque, afin d’éviter l’exode massif, la fédération anglaise stipulait que tout départ pour l’étranger était définitif, retour interdit !
Malheureusement la marche fut trop haut et le désenchantement fut immense. Il n’arriva jamais à imposer ses qualités footballistiques ni à s’intégrer à la culture française et reparti aussi vite qu’il était arrivé. Le retour en Angleterre ne fut pas de tout repos. À cette époque, afin d’éviter l’exode massif, la fédération anglaise stipulait que tout départ pour l’étranger était définitif, retour interdit ! Une loi stricte qui sera assouplie quelques années plus tard. Davis put effectuer un retour en Angleterre, en passant par la case “suspension de trois mois pour départ à l’étranger”. Le jeu en valait la chandelle, le come-back fut explosif. Il s’engagea à Oldham et signa 35 buts lors de sa première saison, établissant le record de buts du club sur une saison, toujours inégalé en 2019 !
Il rentra quelques saisons plus tard en Irlande pour terminer sa carrière tranquillement à Dublin sans perdre son habilité létale devant le but.
Le “one shot” – Michael Kelly (1948–1949, Olympique de Marseille)
Le milieu de terrain arrivé en Angleterre à 18 ans effectua une partie de sa carrière pendant la Seconde Guerre mondiale, une période de l’Histoire où le football n’était pas la priorité dans le monde. Alors que le championnat anglais ferma ses portes entre 1939 et 1945, Kelly bénéficia de sa nationalité irlandaise, pays neutre, pour jouer des matchs d’exhibitions et garder le contact avec le cuir. À la reprise du championnat en 1946, il fut simplement écarté par son club Wolverhampton, club en pleine reconstruction. Il se relança en troisième division à Crewe Alexandra afin d’enchaîner les matchs et gagner en visibilité à l’approche de la fin de sa carrière.
Il enfilera la tunique ciel et blanche à une seule reprise, face au Red Star devant un peu plus de 20.000 témoins au Velodrome.
La méthode porta ses fruits car le milieu de terrain fut repéré par le coach de l’Olympique de Marseille, l’italo-hongrois Giuseppe Zilizzi qui souhaitait une touche british dans l’entre jeu phocéen et l’associer à Jean Bastien et surtout Roger Scotti la légende de l’OM des années 1940/50. En Juin 1948 Kelly arriva chez un O.M. champion de France en titre, avec un 11 titulaire difficile à déloger. L’expérience provençale de l’irlandais se transforma plutôt en une semi-retraite ensoleillée qu’à un défi sportif. Il enfilera la tunique ciel et blanche à une seule reprise, un dimanche après-midi d’automne sous une vingtaine de degrés, le 14 Novembre 1948 face au Red Star devant un peu plus de 20.000 témoins au Vélodrome. Score final 1-1. À 28 ans, on ne le revit plus jamais sur un terrain de foot, et il retourna dans un anonymat complet.
Le plus irlandais – Noel King (1985, Valenciennes FC)
Après Michael Kelly, il fallu attendre presque quatre décennies avant que le drapeau irlandais flotte à nouveau sur le championnat de France. Et au beau milieu des années 1980′ Noel King se voit octroyer une tâche himalayesque : redonner un élan positif au Valenciennes FC en perte totale de confiance, se morfondant dans le ventre mou de deuxième division. Le Dublinois arriva avec une grosse expérience de joueur solide dans le championnat Irlandais et des qualités de leadership naturel. Le plan du coach de VA, Leon Desmenez, était de créer un entrejeu Noel King + Thierry Laurey devant faire déjouer les adversaires.
Comme plusieurs de ses prédécesseurs, King affronta toutes les difficultés à s’adapter au football continental
Quatre mois et sept apparitions plus tard, le pari irlandais échoua. Comme plusieurs de ses prédécesseurs, King affronta toutes les difficultés à s’adapter au football continental et ne se fit pas prier pour retrouver la direction de l’Irlande, où il sera accueilli comme un roi. Le tapis rouge lui est déroulé à Derry City, nouveau club du championnat irlandais. Il endosse à seulement 31 ans le rôle d’entraîneur-joueur. S’en suivra une nouvelle décennie de dribbles chaloupés dans divers clubs en Irlande, entre Waterford et Dublin et il baissa définitivement le rideau à Limerick à l’âge de 41 ans.
King deviendra après sa carrière une figure emblématique du football au pays de la Guinness, devenant naturellement entraîneur en première division puis sélectionneur de l’équipe féminine d’Irlande, puis les moins de 21 ans masculins de 2010 à 2018, avec un intérim en 2013 avec l’équipe A après l’éviction de Giovanni Trapattoni. Depuis novembre 2018, l’homme de 63 ans s’occupe de l’identification des joueurs au sein de la Fédération Irlandaise.
La starlette de Dublin – Jacko McDonagh (1985–1987, Nîmes Olympique)
L’arrivée du défenseur irlandais dans le sud de la France en 1985 fut une véritable surprise. McDonagh, 23 ans, était une étoile montante du championnat irlandais. Époustouflant lors de son passage aux Bohemians, club mythique de Dublin, il remporta le championnat avec les Shamrock Rovers (autre club mythique de Dublin) aux cotés d’Alan Campbell (passé par la Liga espagnole), Pat Byrne (passé par Leicester) et Liam Buckley. Des performances qui lui ouvrirent les portes de la sélection frappée du trèfle. McDonagh était promis à un avenir radieux chez le voisin anglais. Les tabloïds de l’époque évoquaient le costaud Jacko du côté des plus grands clubs londoniens ou de mancuniens. Contre toute attente, c’est le très convaincant Marcel Domingo qui réussit à attirer la vedette irlandaise en deuxième division française, dans la gueule des crocos. Domingo, coach expérimenté et éminemment respecté dans les années 1980 avait déjà couché sur son CV l’Espagnol Barcelone, le Betis de Seville, l’Atletico de Madrid, Malaga et Valencia.
…quand son ancien coéquipié danois Kristen Nygaard prend les rênes de l’équipe première, McDonagh devient le premier nom inscrit sur chaque feuille de match.
En 1985, le Nîmes Olympique s’était muni d’un effectif paré pour accéder à la première division et le dublinois en sera la base défensive associé à l’international néerlandais Jan Poortvliet. Malgré une saison 1985/1986 laissant un goût amer et une 6e place insuffisante pour tutoyer la première division, McDonagh s’intégra et s’installa titulaire au fil des mois. Lors de la saison 1986/1987, quand son ancien coéquipié danois Kristen Nygaard prend les rênes de l’équipe première, McDonagh devient le premier nom inscrit sur chaque feuille de match. Mais rebelote, le Nîmes Olympique termine encore 6e.
S’en fut trop pour McDonagh qui avait d’autres ambitions que de faire carrière dans l’anti-chambre de la D1 et il souhaitait retrouver l’équipe nationale qu’il ne côtoyait plus à cause du manque de visibilité de la D2 française en Irlande. Mais le rebond fut difficile. Il retourna en Irlande pour une saison à Derry City, puis s’envola en Angleterre à Oxford sans trouver son second souffle. Il termina sa courte et frustrante carrière en surprenant une fois de plus le monde du football. Il s’engagea en Belgique à Waregem, ce qui lui permit d’ajouter à son palmarès quelques matchs de coupe de l’UEFA. Néanmoins, à 29 ans ayant perdu la flamme du ballon il range les crampons. Certains parleront de gâchis ou mauvais choix de carrière d’un des énorme talents irlandais des années 80.
Le plus convaincant – John Byrne (1988–1990, Le Havre AC)
En 1985, le monde du football vécu l’un de ses événements les plus choquant de son histoire. Le drame du Heysel lors de la finale de la Coupe des Clubs Champions entre Liverpool et la Juve fut le théâtre de scènes d’une violence extrême. Un stade aux normes de sécurité insuffisantes, une enceinte surpeuplée et des hooligans en surchauffe qui comptera un bilan extrêmement lourd de 39 morts et des centaines de blessés. Les clubs anglais seront sanctionnés d’interdiction de coupe d’Europe les 5 saisons suivantes, engendrant un exode des joueurs. On trouva ainsi un accroissement soudain d’anglais, écossais, irlandais et gallois dans les grands championnats du continent.
En janvier 1989, il convainc son compère en sélection, Frank Stapleton, légende de Manchester United de le rejoindre. Ils joueront une demi-saison aboutie ensemble sans parvenir à accéder à la D1.
Le championnat anglais perdant de sa superbe, John Byrne, valeur sure du football européen et international irlandais confirmé, souhaitait découvrir une nouvelle culture. Il n’hésita pas à baisser ses prétentions en 1988 lorsque Le Havre en deuxième division lui offre les clés de son attaque. Le buteur fut à la hauteur de son statut international, enchaînant les belles prestations et s’intégrant parfaitement au schéma tactique de Pierre Mankowski. En janvier 1989, il convainc son compère en sélection, Frank Stapleton, légende de Manchester United de le rejoindre. Ils joueront une demie-saison aboutie ensemble sans parvenir à accéder à la D1.
Byrne décide de rester une saison suivante au Havre malgré le départ de son compatriote. Toujours aussi actif sur le front de l’attaque, il totalisera 49 apparitions pour 16 buts en 2 saisons. Des prestations qui l’enverront à la coupe du monde 1990 avec les Boys in Green. Byrne retrouve ensuite le football anglais et enchaînera une carrière correcte. Il rentre dans le rang en signant à Brighton puis Sunderland, Millwall, et Oxford.
La légende de Manchester United – Frank Stepleton (1989, Le Havre AC)
Ancien recordman de buts en sélection irlandaise, 225 matchs avec Arsenal et 223 matchs avec le Manchester United du novice Alex Ferguson. Wow ! Frank Stapleton inspire le respect. L’attaquant arrive à 32 ans au Havre avec le statut de superstar en fin de carrière. Véritable idole en Irlande, Stapleton n’a plus sa verve de 20 ans lorsqu’il atterrit en Normandie. Depuis ses années glorieuses chez les Gunners et les Red Devils, l’attaquant a cherché à se relancer aux Pays-Bas (l’Ajax entraîné par Johan Cruyff), en Belgique (Anderlecht) et un retour Angleterre (Derby County). Mais rien n’y fait. Aux Pays-Bas il est même raillé et considéré comme un ratage total, son style britannique ne correspond absolument pas à la culture du beau jeu sublimé par Cruyff.
Il forma avec John Byrne le seul duo d’attaque 100% irlandaise de l’histoire du football français.
Le Havre accueille donc Stapleton sans club, quelques mois après avoir vécu dans la peau d’un titulaire un Euro 1988 historique dans lequel l’Irlande bat l’Angleterre. Pourquoi Le Havre en D2? Son ami et coéquipié en sélection John Byrne s’y était installé quelques mois plus tôt. Ensemble, ils formèrent le seul duo d’attaque 100% irlandaise de l’histoire du football français. Stapleton porta 18 fois le maillot ciel et marine, avec 5 buts, contribuant à une 3e place au classement malgré des douleurs chroniques au dos. L’international ne fut pas reconduit la saison suivante, le coach Pierre Mankowski faisant confiance à l’espoir ivoirien Joel Tiéhi. Stapleton retourna en Angleterre, il enchaînera les clubs jusqu’en 1995, loin de ses exploits passées.
Son après-carrière sera aussi faite de voyages, il endossera le costume d’entraineur en Angleterre avec Brendford City, aux Etats-Unis chez les New England Revolution et même avec la sélection de Jordanie en tant qu’assistant de son compatriote Ray Wilkins. Entre 2015 et 2017 il intègre la sélection irlandaise en qualité de superviseur. Il travaille aujourd’hui pour le site de paris en ligne “Betfred” et fait des apparitions avec les légendes de Manchester United.
Le manager – Mick McCarthy (1989–1990, Olympique Lyonnais)
L’actuel sélectionneur de l’Irlande est une tête bien connue de la galaxie du football. Il jouit d’une carrière de plus de 40 années, 15 saisons en tant que joueur et 27 saisons (en cours) comme manager. Né en Angleterre de père irlandais, McCarthy arrive à Lyon avec un parcours déjà rempli. Presque 500 matchs en Angleterre et en Écosse, un championnat d’Écosse et une coupe d’Écosse remportés avec le Celtic. Incontournable en équipe d’Irlande, il rejoint l’ambitieux Olympique Lyonnais en 1989 à l’âge de 30 ans. L’OL entame une révolution avec le jeune président Jean Michel Aulas arrivé 2 saisons plus tôt, et une promotion en première division. Une équipe composée alors de grands espoirs français avec Remi Garde et Bruno N’Gotty, de Bruno Genesio et de la star congolaise le buteur Eugene Kabongo. Le tout coaché par un certain Raymond Domenech. Les dirigeants sont conscients que les beaux jours de l’international irlandais sont derrière lui, mais sa solidité et son expérience seront un atout majeur dans le vestiaire.
La coupe du monde 1990 approchait et l’Irlande était qualifiée pour la première fois de son histoire. Impensable pour McCarthy, alors capitaine de la sélection, de manquer l’événement.
Avant de signer à Lyon, il avoue ne rien connaître du club : “Quelqu’un m’a appelé pour me dire que le club me supervise depuis mes matchs à l’Euro 88, je ne savais pas vraiment où se situait Lyon, j’ai appris que l’OL venait de monter en D1, Je me souviens qu’ils me disaient que je parle français comme une vache espagnole, cette phrase est toujours dans ma mémoire. Je suis resté seulement une saison, je me suis blessé et l’émergence de la doublette Bruno N’Gotty – Remi Garde en défense, deux joueurs fantastiques du club, m’a poussé vers la sortie naturellement.”
Remis de sa blessure mais incapable de retrouver une place de titulaire dans un système avec un libero, poste qui n’arrive pas à apprivoiser, il dût prendre la décision à contre-cœur de quitter le club pour retrouver les terrains. La coupe du monde 1990 approchait et l’Irlande était qualifiée pour la première fois de son histoire. Impensable pour McCarthy, alors capitaine de la sélection, de manquer l’événement. Un prêt à Millwall sera signé en mars 1990. Même si le club végète en bas de classement du championnat anglais, il s’assure une place de titulaire et garde le brassard pour la coupe du monde. Une première réussie pour l’Irlande qui atteint le quart de finale, s’inclinant face au pays hôte l’Italie. S’en suivra une fin de carrière anodine à Millwall. En 1992, il devient entraîneur de Millwall, enchaîna à la tête de sélection irlandaise, puis plusieurs clubs anglais avec des succès mitigés avant de reprendre le poste de sélectionneur de l’Irlande en 2018. Poste qu’il occupera jusqu’en 2020. Il laissera sa place à Stephen Kenny, actuel sélectionneur des U21 irlandais, très ambitieux et attendu!
Le plus capé – Tony Cascarino (1994–2000, Olympique de Marseille, AS Nancy Lorraine, Red Star)
Figure emblématique du football français des années 1990, le grand attaquant de l’O.M. de l’époque ne devrait pas figurer dans cette liste : « Je n’étais pas éligible pour représenter l’Irlande. J’étais un imposteur, un faux Irlandais” peut on lire dans sa biographie. Incroyable aveu lorsqu’on compte 88 sélections. Il ne possédait pas de passeport irlandais, sa demande avait été refusée en 1985 alors qu’il comptait déjà 3 sélections avec l’Irlande. Il était pourtant persuadé que son grand-père maternel était irlandais avant que sa mère lui avoue qu’elle était adoptée. La sélection irlandaise fut beaucoup moins regardante sur son arbre généalogique, voyant le potentiel de l’ancien coiffeur.
Après seulement quelques apparitions, Cascarino devint l’idole du Vélodrome. Il enchaîne les buts et donne sa vie à chaque rencontre.
Cascarino atterrit dans les Bouches du Rhône au crépuscule (croyait-on !) d’une carrière extrêmement remplie. Gillingham, Millwall, Aston Villa, le Celtic et Chelsea, il était rompu aux joutes britannique avec notamment un passage tumultueux à Chelsea. Sur le déclin à 32 ans, son mètre quatre-vingt-onze allait rendre encore de précieux services. L’OM rétrogradé en deuxième division perd une large partie de son effectif dont ses 2 attaquants vedettes Rudi Völler et Sony Anderson. Le club olympien interdit de transferts se tourna vers l’international irlandais, libre de tout contrat, expérimenté, dur au mal, gueule cassée… tout ce dont l’attaque du président Tapie avait besoin. Après seulement quelques apparitions, Cascarino devint l’idole du Vélodrome. Il enchaîne les buts et donne sa vie à chaque rencontre.
Une seconde jeunesse dans le sud de la France qui dura 3 saisons, avec des buts à la pelle. À l’issue de la saison 1995-1996, l’OM remonte logiquement en D1 et Cascarino prend difficilement ses repères et la concurrence de Xavier Gravelaine le pousse sur le banc. La saison de trop ? En janvier 1997, à 35 ans, il s’offre l’ultime challenge proposé par l’AS Nancy Lorraine, club en difficulté en championnat. Il retrouve en Lorraine une place de titulaire mais n’évite pas la relégation. Durant les saisons suivantes en D2, son association avec Pablo Correa régalera les supporters du stade Marcel Picot et il devint un des chouchou du club. Après une dernière pige au Red Star de quelques semaines il annonce sa retraite puis s’adonne à sa deuxième passion le poker pendant plusieurs années. Il s’oriente ensuite vers le journalisme et se découvre une vraie vocation oratoire, lui qui se définissait comme timide notoire. Il est aujourd’hui encore très présent dans la sphère médiatique britannique et irlandaise.
Ce papier a été publié sur le site http://www.toutlemondesenfoot.fr/ par Sébastien Berlier, le 11 Novembre 2019.