À quelques jours du début de l’Euro, God Save the Foot est parti à la rencontre des supporters anglais. Entre stress, excitation et rêves d’une victoire finale à Wembley… Reportage au cœur de l’Angleterre, pays du football.
« It’s coming home, football’s coming home. » Les paroles de la fameuse chanson entonnée en 1996 par The Lightning Seeds, David Baddiel et Frank Skinner résonnent déjà dans toutes les têtes à une semaine du début de la compétition. Comme lors de chaque grand rendez-vous, l’excitation se fait sentir outre-Manche. « Je suis particulièrement impatient que l’Euro débute. C’est probablement le tournoi international qui m’enthousiasme le plus depuis que je suis le football », raconte Morgan, la vingtaine.
Avec une Angleterre demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, l’espoir d’un avenir brillant pour le football anglais renaît. Vainqueurs de la Coupe du monde 1966, les Three Lions sont, depuis, incapables d’inscrire leur nom au palmarès d’une grande compétition. Mais une donnée pourrait bel et bien faire la différence. « L’Angleterre est l’un des favoris de la compétition et la grande majorité des matches seront au stade de Wembley. Je ne pense pas qu’on puisse rêver mieux ! », réagit Jack, étudiant en journalisme. Car si l’Euro se tient dans onze villes différentes, l’Angleterre pourrait vivre la quasi-intégralité de sa compétition à domicile.
Avec ses trois matches de poule à Wembley et, en cas de première place du groupe, son huitième de finale, une éventuelle demi-finale et la perspective d’une finale dans le mythique stade de 90.000 places, l’Angleterre se dresse clairement parmi les favoris… Un élément non négligeable, d’autant que le gouvernement britannique envisage sérieusement de lever les limitations en matière de public dans les stades. Aux 20.000 supporters autorisés lors de la finale de FA Cup entre Chelsea et Leicester (0-1), pourraient s’ajouter pas moins de 70.000 autres fans. « Si c’est le cas, je suis persuadé que ça va porter les joueurs et leur donner ce surplus de motivation pour atteindre la finale », avance Callum, supporter des Three Lions. « Les joueurs savent ce que cela représente pour les supporters anglais et je suis certain qu’ils feront tout pour ramener le trophée à la maison », poursuit Jack.
Government now hopeful of CAPACITY CROWDS at Wembley for England’s Euro 2020 campaign https://t.co/OXvAp7RzFD— MailOnline Sport (@MailSport) May 25, 2021
Le retour du public, une aubaine pour les Three Lions
Une motivation supplémentaire qui pourrait malgré tout jouer des mauvais tours aux hommes de Gareth Southgate. L’histoire se souvient de l’Euro 1996 où, en demi-finale à Wembley, l’Angleterre s’était inclinée aux tirs aux buts face à l’Allemagne (1-1, 5-6). Un mauvais souvenir à effacer pour le sélectionneur anglais, qui avait justement manqué le dernier tir au but face à Köpke. « C’est vrai que la présence des supporters peut ajouter de la pression, mais je pense malgré tout que ce sera positif pour les joueurs de sentir le soutien du public », selon Ross, habitant de Wembley.
Avec une population qui a reçu à près 50% ses deux doses de vaccin, le Royaume-Uni reprend depuis peu ses habitudes. La réouverture des pubs, lieu de vie essentiel pour les Britanniques, ainsi que le retour du public dans l’ensemble des stades (football, rugby et cricket notamment) sont porteurs d’espérance. « Retourner au stade est une sensation incroyable. Faire ses premiers pas en tribunes vous frappe de plein fouet. Surtout depuis que le Covid, qui nous a empêché de nous rendre dans les stades depuis aussi longtemps, cela rend l’occasion encore plus belle », raconte Morgan, qui avait pu se rendre à Wembley lors de la demi-finale de FA Cup entre Leicester et Southampton mi-avril (1-0). « On mesure à quel point aller au stade est incroyable par rapport au football que l’on voit à la télévision. Le football appartient aux supporters et je suis particulièrement heureux de voir que les fans seront présents au stade », ajoute Jack.
Harry Kane en star, l’Angleterre bien représentée
Côté terrain, l’avènement d’une génération dorée ajoute à l’excitation générale. Si l’Angleterre a habitué ses fans aux désillusions depuis le début du siècle, les échecs passés pourraient, cette fois-ci, être enfin le socle du succès. « C’est une nouvelle génération qui est arrivée en 2018. Les joueurs qui jouent maintenant sont ceux qui étaient derrière leur écran quand les générations avant eux ont échoué, donc ils connaissent la désillusion et voudront, plus que les autres, connaître la gloire », selon Jack. « Cette équipe doit avoir encore plus de confiance après une belle Coupe du monde 2018. Cette équipe est même plus proche du titre que les précédentes générations qui avaient placé leur allégeance pour leurs clubs respectifs au-dessus d’un potentiel succès pour l’Angleterre », pense Cain.
Des espoirs portés par des joueurs majeurs, symbolisés par Harry Kane, buteur star de la sélection anglaise et dont l’été risque d’être agité avec un éventuel départ de Tottenham. « Harry Kane est un joueur clé, c’est évident. Il est l’un des meilleurs joueurs du monde. Mais Phil Foden est un autre joueur qui pourrait être important. Il est tellement talentueux, adroit et n’a peur de rien », avance Jack. Même constat pour Callum, qui voit aussi Mason Mount porter l’Angleterre cet été. « Je pense que si Jack Grealish venait à jouer la plupart des matches, il pourrait être un facteur X. C’est peut-être la meilleure équipe que nous ayons eue. Au moins dans le secteur de l’attaque », résume Morgan.
Le Portugal et la France parmi les équipes à éviter
Une attaque bourrée de talent, un Euro « à domicile », des supporters confiants… Pourtant, l’Angleterre ne sera pas le seul favori pour ce championnat d’Europe. Les traditionnelles grosses nations européennes seront, elles aussi, au rendez-vous. « Le Portugal a un nombre impressionnant de talents à tous les postes » pour Ross. « Ils ont une équipe incroyable », abonde en son sens Jack. La France fait, elle aussi, figure d’épouvantail pour les supporters anglais. « Ce sont les champions du monde et ils ont quelques-uns des meilleurs joueurs du monde au sein de leur équipe… Ce sera un match très compliqué si on venait à les affronter ! », lance Cain. « Clairement, je ne veux pas affronter l’équipe de France. Je n’ose même pas imaginer un duel entre Mbappé et Maguire, cela m’effraie. En plus de cela, la France a des joueurs de qualité aux quatre coins du terrain, impossible de leur trouver un point faible », poursuit Morgan.
C’est malgré tout avec le même optimisme qu’à chaque grande compétition que l’Angleterre se prépare à accueillir une bonne partie de cet Euro. Une confiance et une excitation qui se font de plus en plus ressentir dans les rues de la capitale, parées pour l’occasion. Un événement vécu par beaucoup comme le « retour à une vie normale ». À moins que l’Angleterre ne l’emporte en finale… La vie d’après ?