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Pays de Galles : de l’enchantement au désenchantement

Adversaire de l’Equipe de France pour ce match amical, le Pays-de-Galles se présente comme le demi-finaliste du dernier Euro, mais également comme une sélection non qualifiée pour la prochaine Coupe du Monde. Retour sur les mois contrastés de cette génération dorée.

Demi-finaliste surprise lors du dernier Euro, le Pays de Galles vient de connaître une campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2018 terrible, où les blessures de ses joueurs vedettes ne l’ont pas épargné. Dans un groupe pourtant à leur portée, les hommes de Chris Coleman, dont le sort n’est toujours pas réglé, ont failli en terminant à une troisième place qui les prive du voyage en Russie.

« Ce soir, les Gallois vont entrer sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy pour atteindre l’immortalité. Mais leur parcours est déjà digne d’entrer dans l’histoire, une histoire qu’ils ont bâtie eux-mêmes. » les tirades du Western Mail, plus grand canard du pays prenaient tout leur sens à l’époque. Le quart de finale victorieux contre la Belgique finira par les embellir définitivement dans la prospérité. Qu’importe ce qu’il s’est passé ensuite, le Pays de Galles avait créé un récit syncopé qu’il n’aurait jamais pu prédire, ni même imaginer. A une marche de la finale, ils ont été vaincus, mais pensait-on alors, ils apprendraient de cet échec pour confirmer les belles promesses entrevues. Ce fut l’inverse qui s’est produit.

Durant ces derniers mois, le Pays de Galles n’a pas montré les vertus qu’il avait affichées pendant le Championnat d’Europe

Du cœur, de l’envie, de l’énergie, il en manqué aux Gallois pendant ces derniers mois. Laconiquement, mais sûrement, le jeu pratiqué s’est effiloché et les Dragons sont revenus dans ce cercle vicieux de l’irrégularité. Des performances en dent de scie, qui dans un groupe homogène, n’ont pas réellement leur place quand on sait l’importance des trois points, y compris pour le récent demi-finaliste du Championnat d’Europe. Si la seule défaite de cette campagne a eu lieu lors de la dernière journée face qui plus est, à l’Irlande pour la place de barragiste, le Pays de Galles a surtout boursicoté quelques points en route : quatre victoires certes, mais plusieurs étriquées en Moldavie et en Géorgie par exemple, une Géorgie qui d’ailleurs, était venue prendre un point à Cardiff durant la campagne. De quoi remettre en cause tout le travail entrepris et réalisé avant et pendant l’Euro.

Chris Coleman, partira, partira pas ?

C’est l’incertitude qui prédomine dans les rangs gallois. Chris Coleman partira-t-il à la fin de son contrat ? Evasif à l’annonce de sa sélection pour les deux matchs amicaux face à la France et le Panama, le sélectionneur en place depuis 2012 s’interrogeait : « je suis prêt à partir si ma fédération souhaite que je m’en aille. » En coulisses, Coleman aurait demandé à sa fédération plus d’investissements au niveau des installations de la sélection, mais ses propositions sont restées pour le moment lettre morte comme il l’a souligné « si on ne peut pas me donner les choses dont j’ai besoin pour travailler, alors il est peut-être temps de laisser la main à un autre sélectionneur et à de nouvelles idées. Je n’ai que 47 ans et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir dans le monde. Ce n’est pas une décision facile, car pendant longtemps nous n’avons pas réussi et notre dernière performance à l’Euro nous a montré qu’on pouvait y arriver. »

Chris Coleman doute encore de sa légitimité à la tête du Pays de Galles
Chris Coleman ne sait toujours pas s’il prolongera son aventure au sein de la sélection galloise après la fin de son contrat

Après l’échec cuisant face à l’Irlande, Chris Coleman a joué les pare-feux pour éteindre les saillies incendiaires d’une presse très acerbe vis-à-vis de ses choix sportifs. A domicile, dans un stade acquis à leur cause, les Gallois, privés de Gareth Bale, n’ont pas répondu au défi physique lancé par des Irlandais qui croyaient en leur destin. Aussi et surtout, on a reproché au sélectionneur de ne pas avoir pris suffisamment de risques offensifs pendant la campagne des éliminatoires. En effet, le Pays de Galles s’est parfois présenté à domicile dans un schéma extrêmement défensif où seuls deux-trois maillons offensifs étaient alignés – généralement Bale, Ramsey et Vokes – contre la Géorgie, la Serbie ou encore l’Autriche. Est-ce en raison d’une profondeur de banc peu fournie ? Peut-être, mais des garçons comme Tom Lawrence, Tom Bradshaw et Ben Woodburn, qui représentent d’autant plus l’avenir de la sélection, ont montré toutes leurs qualités lorsqu’ils foulaient le pré. Le dernier cité, qui, du culot de ses 18 ans, avait marqué lors de sa première cape face à l’Autriche, seulement cinq minutes après être entré en jeu ! De même, Coleman n’a pas forcément fomenté la bonne stratégie à ses hommes, ni même instillé cette union qui portait ses fruits pendant l’Euro.

La vie sans ses piliers

Le Pays de Galles n’a pas été épargné par les absences de ses éléments essentiels. Gareth Bale, Aaron Ramsey, Joe Allen, tous ont raté des rassemblements et leurs périodes de convalescence ont fait cruellement défaut dans l’édifice périclite de la sélection galloise. Finalement, ces blessures restent un peu en travers de la gorge, tant la présence des « stars » du pays est indispensable pour tirer la sélection vers le haut. L’histoire est déjà écrite, mais si Gareth Bale avait disputé ce dernier match couperet contre l’Irlande, que serait-il arrivé ? Personne ne le saura jamais.

C’est le leader de l’équipe, un joueur que tous les jeunes du groupe admirent pour ses performances

L’attaquant du Real Madrid reste le maître à jouer du Pays de Galles et une idole pour tous ses partenaires « sa blessure est vraiment une déception, mais il reste tellement un personnage important pour nous. C’est le leader de l’équipe, un joueur que tous les jeunes du groupe admirent pour ses performances « confiat le milieu de Wolverhampton David Edwards en octobre dernier au Wales Online. Moins en vue lors des éliminatoires, l’ancien joueur de Tottenham a parfois pêché par excès d’individualisme, mais il était celui qui pouvait faire la différence sur une touche de balle, une frappe ou une accélération dont lui seul a le secret. Sans leur métronome, les Gallois ont souffert et semblaient désarmés.  D’autant plus que le madrilène, contre vents et marées, est monté au créneau après l’élimination de son pays pour défendre Chris Coleman et lui assurer qu’il devrait rester à la tête de la sélection. Preuve, s’il en fallait une, de l’aura de Bale. Le Pays de Galles sans lui n’est pas vraiment le Pays de Galles.

Préparer l’avenir

Absent en Russie, les objectifs de la sélection galloise sont désormais rivés vers l’Euro 2020 qui se disputera dans toute l’Europe avec l’idée de préparer au mieux sa génération de jeunes joueurs prometteuse. Ces noms-là ne vous disent sans doute rien ou presque, mais ils font partie cette classe biberon qui devra être prête à faire aussi bien que ses prédécesseurs dans les années à venir : Ben Woodburn (18 ans, Liverpool), Tom Lockyer (22 ans, Bristol Rovers), Tom Lawrence (23 ans, Derby County), Ethan Ampadu (17 ans, Chelsea), David Brooks (20 ans, Sheffield United). Sélectionnés pour les rencontres du mois d’octobre, ils confirment tout le bien que pense leur sélectionneur à leur sujet, lui qui n’a pas résisté à la tentation de les sélectionner, malgré les réticences par exemple de Jurgen Klopp au sujet de son poulain Ben Woodburn «Jürgen pensait sans doute que Ben n’était pas prêt. Il était honnête dans son jugement, mais mon point de vue était différent, je considérais que Ben pouvait apporter quelque chose, comme il a pu le faire sur son début de saison avec l’équipe pro de Liverpool lorsqu’il a joué.» Et dès les premières minutes face à l’Autriche, Woodburn a donné raison à son sélectionneur en inscrivant le but de la victoire d’une sublime frappe aux 20 mètres face aux coéquipiers de Marko Arnautovic.

Si la génération Bale a été décrite comme l’une des plus grandes de l’histoire du football gallois, celle emmenée par le supersonique ailier de Liverpool est en pleine procréation et sera en pleine force de l’âge pour les prochains grands tournois auxquels le Pays de Galles souhaite être convié. Leur arrivée progressive au sein de la sélection est judicieux, et Coleman le sait, l’avenir passe (en partie) par eux.

Mais avant tout, les Dragons doivent retrouver ce qui avait fait l’essence même de leur parcours à l’Euro 2016 : un collectif soudé, un enthousiasme débordant et une énergie de tous les instants. Depuis plusieurs mois, c’est sans doute ce qui a manqué au Pays de Galles pour retrouver le niveau affiché en France. La France qu’elle retrouve ce vendredi au Stade France, un match amical pour un nouveau départ vers la quête de l’Euro 2020 ?

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L’auteur

Thomas

Thomas

Étudiant en journalisme, amoureux du football britannique et des divisions inférieures.