Tour d'Europe

Ligue des Champions : Acte 1 – Scène 2 : Glory, glory…

D’un côté on espérait une remontada, de l’autre on priait pour l’éviter. Force est de constater que l’Angleterre est à l’honneur cette semaine.

Borussia Dortmund 0-1 Tottenham

Par Ilhan

3 semaines, dans la temporalité du football cela représente une éternité. Lors du match aller, les deux équipes entraient dans cette phase aller-retour pleines de certitudes, aujourd’hui, le doute a pris place dans ces deux formations. Souvenez-vous en octobre dernier, nous sommes en préhistoire, Mauricio Pochettino avait déclaré : « c’est presque fini, ce sera très difficile de se qualifier » après la 3ème journée. Aujourd’hui Tottenham est qualifié pour les quarts, le miracle se poursuit.

Par rapport à l’aller, Lucien Favre a repris son 4-2-3-1 habituel a profité des retours de Paco Alcacer et de Marco Reus mais a du faire sans Łukasz Piszczek qui a vu son rôle d’arrière-droit repris par Marius Wolf et le versatile Abdou Diallo de l’autre côté. Le Borussia avait besoin de buts, pour cela tout allait passer par la qualité technique des latéraux. Tottenham se présente au Signal Iduna Park avec le même 3-4-1-2 remarqué par les les titularisations de Serge Aurier, Ben Davies et Harry Kane. On notera également les retours d’Harry Winks et d’Eric Dier qui étaient de la partie.

Un fort imprenable, un mur impérial

Si on pouvait schématiser le match, le Borussia a fait une excellente première mi-temps où dans n’importe quel autre match il y aurait eu un but ou deux, la seconde est beaucoup plus incertaine.

Très vite, on a vu un Borussia Dortmund jouer très haut, déployant un 2-4-4 en formation offensive où la grande majorité des joueurs étaient positionnes dans l’axe, laissant le côté aux latéraux Diallo et Wolf afin de monter et de créer des occasions. Weigl et Witsel ont joué un rôle dans la préparation et le déclenchement des actions cherchant Götze ou Reus dans l’axe qui eux-mêmes cherchaient des coéquipiers à travers la marée de joueurs. Sans la possession du ballon, les locaux ont appliqué un pressing très haut et de contrer très rapidement. Malgré quelques occasions chaudes comme le ballon enlevé des pieds de Reus au dernier moment par Vertonghen, il aura fallu vingt minutes de jeu pour voir la première frappe du Borussia, suivie de 9 qui se révèleront toutes infructueuses, de l’autre côté Tottenham n’a tiré qu’une fois quand Son se retrouve quasiment seul mais qui ne trouve pas le cadre de Roman Bürki.

Le mur était orange ce soir-mà. (Photo : Kieran McManus/BPI/Rex/Shutterstock)


En face, les Spurs ont opté pour deux systèmes défensifs, entre absorption de la pression exercée par le Borussia en positionnement bas et l’autre fondé sur un pressing haut. Grâce au nombreux joueurs positionnés en attaque, c’est Moussa Sissoko, souvent seul, qui remontait balle au pied et cherchant à combiner avec Kane et Son, positionnés dans les intervalles, sans pour autant réussir à tromper les défenseurs adverses. Dans la plupart du temps de la partie, Tottenham a joué très bas, à 5 voire 6 défenseurs quand un milieu descendait d’un cran pour combler les trous. Cela ne suffisant pas, il a fallu d’un très grand Hugo Lloris pour protéger les cages inviolées.

Quand l’arbitre siffle la mi-temps, on peut se demander comment Tottenham a réussi pour maintenir le match nul et son avance de buts. Le Borussia a été tellement supérieur, en tentant 9 tirs contre 1, en provoquant ou non des erreurs de la part des Spurs, peut-être cette prestation est à mettre au contexte difficile qu’est entrain de vivre le club de la Ruhr.

Des spurs pas si spursy

Spursy, un adjectif donné aux joueurs de Tottenham quand ils se retrouvent à perdre un match alors que la victoire leur tendait les bras. Cette fois-ci, il n’en était pas question.

Il aura fallu une erreur des jaunes et une frappe cadrée, la seule du match pour Tottenham afin devoir Kane donner le but de la victoire. Cela est expliqué par une philosophie totalement différente au retour des vestiaires. En effet, les londoniens ont décidé de jouer plus haut en pressant dans le camp adverse, c’est d’une récupération au milieu de terrain que vient le but quand Sissoko lance Kane pour l’ouverture du score.

https://twitter.com/SkySportsStatto/status/1103040605490479104

Cela n’a pas entraîné dé changement de la part de Favre puisque l’objectif demeurait le même : marquer. C’est pour cela qu’il n’a fait aucun changement suite au but de Kane. Pochettino a décidé de sortir Winks pour Dier, ce dernier était placé beaucoup plus bas, permettant à Sissoko de se décharger des obligations défensives et monter pour soutenir l’attaque. A mesure que la partie avançait, Die Borusser était de plus en plus dépendant des joueurs positionnés sur les côtés comme Guerreiro et Wolf, remplacé par Jacob Bruun Larsen. Le 5-4-1 de Tottenham se révèlait difficile à passer car les Spurs ont su coulisser et combler les espaces exploitables par l’équipe allemande. A partir de la 70ème minute, les joueurs du Borussia ont sûrement cessé de lutter quand Tottenham a commencé à se montrer et à être dangereux en contres, il y a eu une volonté d’allourdir le score cumulé des deux rencontres bien qu’il n’y avait pas besoin. Autre signe de perdition du Borussia, Hugo Lloris n’a pas été inquiété comme il le fut en première période.

Cruel pour le Borussia même si ce n’est pas assez pour espérer une remontada. (Source : @Caley_graphics)

Du miracle au mirage ?

Un match retour parfait pour Tottenham, malgré une première période pleine d’anxiété à cause de la pression palpable exercée par les joueurs du Borussia Dortmund mais ont manqué de réalisme devant les buts. De l’autre côté Harry Kane a inscrit le but qui a scellé le sort de la rencontre sur sa première occasion. Tottenham a réalisé un aller-retour parfait entre la rencontre folle à Wembley, le calme et la conviction ce soir. On espère voir cela à nouveau lors du prochain tour.

Paris Saint-Germain 1-3 Manchester United

Par Bento

Manchester United a réalisé l’impossible hier soir en se qualifiant à Paris pour les 1/4 de finales de la LDC. Défaits deux à zéro à Old Trafford, les Red Devils ont créé l’exploit sans ses cadres. C’est donc un Manchester diminué mais croyant qui se déplaçait mercredi soir au Parc des Princes. 

Un Manchester United miraculé

Dès la deuxième minute, Thilo Kehrer offre une passe en profondeur pour Lukaku qui dribble Gigi Buffon et marque. Le Parc est refroidi mais ne doute pas encore malgré les ectoplasmes de la remontada qui ressurgissent. Paris domine, Manchester ne voit pas le jour. Sur le côté droit mancunien, Éric Bailly semble ailleurs et sera fautif sur l’égalisation parisienne. Quelques minutes plus tard, l’ivoirien se blesse et laisse sa place à Diogo Dalot. Cette blessure va s’avérer être un mal pour un bien

Toutes les conditions étaient réunis pour que Paris gère le match. Manchester touche très peu de ballons, est regroupé derrière en bloc et n’a que 20% de possession. Pourtant, sur une frappe de Rashford, Buffon relâche le ballon dans les pieds de Lukaku qui s’offre un doublé. Manchester United, qui se montre très peu dangereux, mène et ne se trouve alors plus qu’à un but de la qualification. Paris doute. 

Il faudra attendre la 90e minute et une main de Kimpembe dans sa surface pour que Rashford offre la qualification et libère le peuple mancunien. En effet, le jeune parisien dévie du bras une frappe de Diogo Dalot. La VAR est demandée et donne ce pénalty de la victoire.

https://twitter.com/ActuFoot_/status/1103671314043322374

Quoiqu’on en dise sur la manière, Manchester United a renversé la situation. Dans l’histoire, aucun club ne s’était qualifié après avoir perdu par deux buts d’écarts à l’aller. S’il y a bien un club qui s’y connaît en come-back, c’est Manchester United. Ole Gunnar Solskjaer y est encore pour quelque chose…

Ole’s at the wheel… of the bus

OGS savait que chercher à presser haut aurait coupé son équipe en deux, tant Verratti a marché sur l’eau à l’aller. Dans un 4-4-2-0, on a vu Lukaku et Rashford prendre respectivement le marquage de Verratti et Marquinho, laissant les 3 défenseurs parisiens libres pour préparer les occasions. Cette formation mancunienne a occupé l’axe sans en bouger, forçant le PSG à jouer en forme de « U » où la première passe d’une occasion était souvent latérale.

Sur la formation défensive, United a été légèrement asymétrique. A droite Young a pris Bernat en marquage individuel, laissant Di Maria à Bailly. De l’autre côté, Pereira venait densifier l’axe, laissant Shaw seul face à ses obligations, notamment aux percées de Dani Alves où ses passes en direction de Mbappé.

Les formations lorsque le PSG était en possession du ballon. (Source : betweentheposts.net)

En seconde période, United a vu sa défense se renforcer, surtout après la sortie de Bailly blessé et remplacé par Dalot et Young prenant le poste latéral droit. Le PSG est passé en 3-5-2, et en possession, Verratti montait pour se placer dans les demi-espaces entre le milieu et la défense mancunienne, Marquinhos seul au milieu et Di Maria au niveau de Mbappé. Le système a posé de nombreux problèmes à cause des mouvements incessants des parisiens. Les deux pistons ont apporté de la largeur, Draxler et Verratti se plaçaient entre les lignes et le duo Di Maria-Mbappé a incessamment échanger de positions pour tenter de créer des dysfonctionnements dans le pressing adverse. Cela a entraîné Solksjaer à passer en 5-4-1 où Young s’est retrouvé défenseur central-droit, Rashford à gauche et Dalot e piston droit. La ligne de 5 servait à contenir les nombreuses attaquants parisiens placés haut sur le terrain.

Et si le PSG ne s’était pas assez procuré d’occasions ? (Source : @caley_graphics)

Si Man Utd a eu de la chance, c’est aussi parce qu’ils l’ont provoqué. Avec la possession du ballon qui commençait à rester entre les pieds des mancuniens, OGS a fait entrer Tahith Chong à la place de Pereira, passant à un 4-4-2 avec Dalot à droit et Chong à gauche. En face, le PSG jouait en 5-2-1-2 depuis la sortie sur blessure de Draxler, positionnant Dani Alves en milieu offensif. C’est autour de l’entrée de Chong qu’United a commencé à jouer un jeu direct, long afin de se battre pour prendre les second ballons dans le dernier tiers du terrain. L’action qui accouche du penalty est dans cet esprit, quoique le tir semblait assez timide de la part de Dalot. Suite au but victorieux, Man Utd a décidé de verrouiller le but, ne laissant aucun joueur au delà des 30 mètres.

Une victoire encourageante

Sans Paul Pogba, suspendu, et sans Martial, Herrera, Mata, Alexis, Lingard, blessés, la tâche s’annonçait lourde. Solskjaer ne s’est pourtant jamais plaint de la situation. Au contraire, il a véhiculé en conférence de presse une grande croyance en son groupe et surtout en la potentielle qualification. 

« Les montagnes sont faites pour être grimpés. » Solskjaer en conférence de presse après le match aller.

Man Utd a fait confiance en ses valeurs pour se qualifier. Les joueurs n’ont rien lâché, y ont toujours cru et ce depuis le coup de sifflet finale du match aller. Mardi soir, les Red Devils ont perpétué la tradition des come-back et des buts à la dernière minute, comme sous Ferguson. De plus, comme dans le passé, le club a fait confiance à la jeunesse. Chong est rentré en fin de match et Greenwood est devenu le 231e joueur de l’Académie à faire ses premiers pas en équipe première.

Manchester United a eu raison d’y croire. Ils disputeront pour la première fois depuis 2014 un 1/4 de finales de Ligue des Champions. Il y a quelques mois, la tâche paraissait insurmontable. Ole Gunnar Solskjaer, en si peu de temps, a su redonner sourire aux joueurs et supporters mais surtout: il a ramené Man Utd à sa place. Que la fête continue !

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