Wolverhampton, un promu prometteur

Généralement, les clubs promus arrivent en Premier League avec une équipe transformée suite à un mercato riche en arrivées et donc une certaine instabilité dans le jeu et les choix pouvant être réalisés. Wolverhampton a réussi à sortir de ce cliché quasi idoine : retour sur la réussite tactique d’une équipe construite sur des bases simples mais efficaces.
Un mercato estival réussi
Première étape de l’inversion d’un déclin débuté en 2012, le club est acheté par Fosun International (conglomérat chinois actant dans la santé, la finance et le divertissement) en 2016.
Au-delà des nombreuses arrivées grâce au capital chinois à la tête des Wolves, c’est la venue de Nuno Espírito Santo, dit « Nuno », à la tête de l’effectif en 2017 qui a transformé le club tactiquement parlant. L’ancien coach de Valence apporte un système stable tout en trouvant des solutions originales qui permettent au club de remporter la Championship (D2 Anglaise) en 2018.

Comme beaucoup de clubs promus en Premier League, Wolverhampton a été très actif durant le mercato estival. Avec les arrivées de Moutinho (AS Monaco), Jonny (Atletico Madrid), Adama Traore (Middlesbrough), Rui Patricio (Sporting CP, transfert aidé par les problèmes de contrats dans le club portugais), Diego Jota (Atletico Madrid), Willy Boly (FC Porto), Benik Afobe (Bournemouth), Ruben Vinagre (AS Monao) ou encore Leander Dendoncker (prêt avec option d’achat obligatoire, RSC Anderlecht), les Wolves ont reconstruit la moitié de leur effectif avec un mixage de joueurs expérimentés et de jeunes prometteurs.
La base : un système défensif efficace et bien construit
« L’attaque fait lever les foules, tandis que la défense fait gagner les titres. » Cette célèbre phrase de Michael Jordan illustre bien la stratégie des Wolves dans ce championnat anglais. Sans croire à un exploit à la Leicester (de toute façon il est déjà trop tard), le système mis en place par Nuno est très intelligent et vise à privilégier le long terme.
De ce fait, il a mis en place une défense reposant sur 5 joueurs défensifs. Un système pouvant paraître conservateur au premier abord mais qui ne l’est pas dans sa mise en pratique.
En effet, quand on regarde les joueurs alignés, il ne s’agit pas d’une défense « classique » :
Conor Coady, un milieu de terrain de métier repositionné dans l’axe de la défense permet aux Wolves d’avoir une certaine sérénité dans la construction basse mais aussi de relancer rapidement sur les ailes. Souvent épaulé par Willy Boly sur sa gauche et Ryan Bennett sur sa droite, ces trois défenseurs forment une défense très solide.
Les joueurs de côté, Jonny, Doherty, ou encore Vinagre sont tous des joueurs complets et permettent de garder une assise défensive stable tout en apportant des choix intéressants en phase offensive.

Deux autres particularités rendent ce système différent de ce qui peut se faire ailleurs :
À l’inverse des autres équipes pouvant jouer dans un système similaire, les Wolves n’hésitent pas à exercer un pressing lorsque l’équipe adverse effectue un mauvais un contrôle ou lorsqu’elle est repliée dans sa moitié de terrain.
D’autre part, les Wolves laissent assez d’espaces devant leur surface de réparation. Les graphiques ci-dessous présentent les tirs concédés (xG map) et la provenance des actions concédées (assist-shots cluster map) par Wolverhampton cette saison.


En laissant « la porte ouverte » devant leur surface les Wolves concèdent peut-être plus de buts venant de tirs à l’extérieur de la surface que la moyenne des équipes de Premier League, mais c’est au final les actions venant du coté gauche (dont les centres) qui sont les plus dangereuses.
En laissant l’adversaire tirer, la défense de Wolverhampton reste assez sereine face aux équipes ayant plus la possession du ballon, ce qui peut expliquer sa réussite contre les gros du classement.

Un jeu offensif simple et réaliste
En attaque, Wolverhampton est réaliste avec un effectif parfait pour le jeu de contre mis qu’il a instauré depuis son intronisation à la tête de Wolverhampton. Avec des joueurs comme Diogo Jota, Raul Jimenez, ou encore Ivan Cavaleiro, Nuno possède les profils parfaits pour jouer rapidement en attaque.
En position offensive, l’équipe ressemble à un 3-4-3/3-4-2 avec souvent 3 joueurs d’attaque recentrés dans l’axe qui attendent les centres ou remises des joueurs de côtés ou les bons ballons de leurs milieux de terrain.
Avec l’expérience de Moutinho et les jeunes mais non moins talentueux Ruben Neves et Leander Dendoncker, le milieu est parfaitement équilibré et bien agencé. C’est Moutinho qui joue le rôle d’animateur et de meneur de jeu en jouant généralement plus haut que son/ses coéquipier(s) du milieu. Le Portugais est clairement la clé de voûte de cette équipe tant il peut alterner dans son positionnement et dans ses choix de passes.
Ruben Neves joue généralement en box-to-box avec sa capacité à garder le ballon et une vision de jeu déjà assez développée. Dendoncker ou Romain Saiss pouvant alterner avec Neves ou rester en position plus basse, couvrant les montées des ailiers.


Encore quelques améliorations
En 7ème position au classement et encore en lice pour la FA Cup, Wolverhampton a déjà réussi une très bonne saison. Si Nuno réussi à garder son système en place et à renforcer son effectif durant le prochain mercato estival, Wolverhampton pourrait très bien concurrencer les équipes de haut de tableau la saison prochaine.
Les arrivées de joueurs offensifs de « plus gros calibre » pourraient très bien permettre aux Wolves de passer un cap, comme avait pu le faire West Ham en son temps. Mais à l’inverse des Hammers, il faudra garder une certaine stabilité tactique et dans l’effectif pour pouvoir espérer une place européenne.