Preview PL 2020/2021 : West Bromwich, le maintien et rien d’autre

Pour la reprise de la saison 2020/21 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Aujourd’hui, place à West Bromwich, une formation habituée à faire l’ascenseur depuis plusieurs années. Mais cette fois-ci, les Baggies emmenés par Slaven Bilic, espèrent bien obtenir leur maintien. La tâche s’annonce malgré tout ardue.
Une accession sous le signe de la régularité et des promesses
Lorsque l’on analyse la saison 2019-2020 de West Bromwich, un mot vient instantanément à l’esprit quand il s’agit de porter un premier jugement : la régularité. Il faut dire que le club de la banlieue de Birmingham a tout fait pour rester dans les premières positions du peloton et ce, dès la onzième journée de championnat. En effet, West Brom n’a pas quitté l’une des deux premières places à partir de sa victoire contre Cardiff City (4-2), le 9 octobre 2019. Une constance qui s’explique avant tout par une solidité retrouvée à The Hawthorns, l’antre des Baggies qui ne connaîtra pas la défaite avant la période des fêtes de fin d’année et la réception de Middlesbrough le 29 décembre 2019 (1-2).
En Championship, réussir un parcours quasi parfait à domicile est indispensable pour se retrouver en course pour la montée. Slaven Bilic l’a compris rapidement. À son arrivée du côté de West Brom, le coach croate sait qu’un défi l’attend. Le club sort d’une élimination terrible aux tirs au but contre Aston Villa en demi-finale des playoffs la saison précédente et doit impérativement remonter en Premier League sous peine de s’engluer inexorablement en Championship, à l’image de ce qu’ont pu connaître des équipes comme Stoke City, Hull City ou Swansea.
Mais rapidement, West Brom a effacé les doutes et s’est vite retrouvé en position de jouer l’accession, sans pour autant mettre une pression monstre à son entraîneur. “Pour être honnête le club ne n’a jamais dit qu’il fallait à tout prix remonter en Premier League à l’issue de la saison. En revanche, nous devions bien figurer confiait Bilic à la presse avant de reprendre le championnat le milieu de tableau ne peut pas être l’objectif de West Brom, ils ne m’ont pas demandé de venir ici pour ça”. Début décembre, après une série de six victoires consécutives face notamment à des adversaires pour la montée comme Preston North End et Bristol City, les Baggies tenaient le bon bout avec notamment un quatuor offensif ultra efficace (Matheus Pereira, Diangana, Phillips et Robson-Kanu).
Une force de frappe irrésistible. Car très souvent, par le passé, on a reproché à West Bromwich une certaine faiblesse offensive et surtout, d’avoir en son sein des joueurs peu techniques. Le millésime 2019-2020 n’a ressemblé à aucun autre. Matheus Pereira est le mieux placé pour en parler. Prêté par le Sporting Lisbonne, le milieu offensif brésilien de 24 ans a illuminé de sa classe la saison de Championship (8 buts, 20 passes décisives) et surtout, offert aux aficionados des highlights sur les réseaux sociaux de grands moments de technicité chaque week-end. Dans sa foulée, Grady Diangana (8 buts, 7 passes décisives) n’a pas été en reste. L’ailier gauche de 22 ans, prêté par West Ham, a joué les agitateurs et provocateurs de service tout en dégageant une vraie maturité dans son jeu. Si les blessures l’ont gêné au début de l’année 2020, l’espoir anglais a terminé la saison en boulet de canon. De quoi permettre – entre autres – à Hal Robson-Kanu d’atteindre la barre des 10 buts sur une saison.

Défensivement, West Bromwich a aussi tenu la baraque avec 45 buts encaissés en 46 journées malgré un début de championnat difficile où les égarements défensifs étaient nombreux, de quoi rendre le truculent Slaven Bilic irascible. Mais petit à petit, le back-four des Baggies est monté en puissance, avec l’excellent défenseur nigérian Semi Ajayi et le surprenant latéral droit Dara O’Shea (21 ans), devenu indispensable lors de la fin de saison (19 rencontres disputées sur les 21 dernières journées). L’expérience conjointe de Kyle Bartley et Jake Livermore a également été importante à l’amorce d’un sprint final frénétique contre Brentford. Plus fort mentalement, West Brom a pris le dessus sur les Bees au meilleur des moments et va regoûter à la Premier League cette saison avec un effectif quasiment inchangé.
Conserver la colonne vertébrale
À West Bromwich, les bruits de couloir sont restés très silencieux pendant le mois d’août. Désireux de conserver ses poulains, Slaven Bilic a été entendu. Les options d’achat de Pereira, Diangana et Robinson ont été levés tandis que le défenseur français de Wigan, Cédric Kipré et le gardien de Brighton David Button ont rejoint WBA pour à peine plus de deux millions de livres. Un mercato global de 30 millions qui se veut être dans la continuité de la saison précédente.
Bilic veut construire un projet de jeu sur le long terme et cela passe par des achats réfléchis combinés à une colonne vertébrale identique. À l’instar de Leeds et Fulham, West Bromwich n’a pas tenté le diable sur le le marché des transferts et s’est montré extrêmement sage. Une tendance de plus en plus présente chez les promus depuis maintenant deux à trois saisons. Les parcours réussis de Sheffield United, Wolverhampton ou même Burnley il y a quelques années semblent avoir fait des émules : acheter bien et vendre si possible les indésirables tout en gardant la majeure partie de l’effectif.
Dans les buts, la confiance est toujours donnée à Sam Johnstone dont la dernière saison a été plutôt bonne. Le portier formé à Manchester United est monté en puissance et semble représenter l’avenir de West Bromwich pendant encore plusieurs saisons. Afin de l’entourer, Slaven Bilic a décidé de recruter David Button, doublure de Matt Ryan à Brighton et qui chez les Baggies endossera le même rôle. Une expérience indispensable à ce niveau. Devant Johnstone, le back-four de WBA ressemblera (vraisemblablement) au même que ces derniers mois avec une charnière composée de Kyle Bartley-Semi Ajayi et des côtés représentés par Conor Townsend à gauche et Dara O’Shea à droite. Cédric Kipré et Kieran Gibbs peu épargné au niveau des blessures joueront les doublures de luxe en charnière et sur le flanc gauche.
Au milieu, la donne est très claire dans le 4-2-3-1 de Slaven Bilic. Jake Livermore et Romaine Sawyers formeront le duo devant la défense et devront réitérer les excellentes performances de la saison passée. À 31 ans, Livermore, l’ancienne future vedette du foot anglais revient après deux ans d’absence, flanqué du brassard de capitaine. Une nouvelle stature prise depuis maintenant dix-huit mois à West Bromwich.
Mais derrière ce duo, personne ne semble en mesure de pallier à d’éventuelles blessures et c’est sans doute à ce niveau que le club doit recruter. Sam Field (22 ans), tout juste revenu d’un prêt mi-figue mi-raisin à Charlton et Rekeem Harper (20 ans) ne paraissent pas capables de suppléer Livermore et Sawyers en cas de pépin.
Offensivement, West Brom n’aura – a priori – aucun mal à alterner les différentes combinaisons, tant ce secteur est copieusement fourni depuis la saison passée. Sur les ailes, Slaven Bilic peut se targuer d’avoir plusieurs possibilités avec Grandy Diangana, Kamil Grosicki, Callum Robinson, Matt Phillips et le jeune Kyle Edwards (22 ans). Pour mener le jeu des Baggies, Matheus Pereira est indéboulonnable et suscite les attentes de nombreux observateurs après sa saison rayonnante en Championship. Le Brésilien sait que son influence dans le jeu est primordial.
Devant, Hal Robson-Kanu et Charlie Austin vont se partager la pointe de l’attaque. Les deux buteurs de 31 ans ont du vécu et retrouvent une certaine jeunesse après plusieurs années contrastées, notamment pour le second qui n’a jamais su retrouver son niveau de QPR avec plusieurs blessures de longue durée. Finalement, c’est dans ce secteur où West Brom paraît être le mieux armé, d’autant que le milieu offensif croate, Filip Krovinovic, auteur d’une jolie saison avec les Baggies, va normalement s’engager dans les jours à venir.
Bilic, le patient croate
C’était au mois d’avril 2019, dans un vol ralliant Split, en Croatie, à Manchester, que Slaven Bilic établissait une liste de huit potentielles destinations européennes après son passage raté chez les Saoudiens d’Al-Ittihad qui n’aura duré que six mois. Deux mois plus tard, le retour de l’ancien coach des Hammers en Angleterre est officialisé à West Bromwich, une décision motivée par son désir de retenter une nouvelle expérience Outre-Manche.
À tout juste 52 ans, Bilic reste un néophyte dans le giron des coachs de premier plan. Malgré un passif de joueur important, l’ex international croate n’a pas encore eu les résultats escomptés. Son passage à West Ham entre 2015 et 2017 a laissé les fans de Premier League sur leur faim tant les Hammers ont alterné le très bon et le pire. Alors, forcément, sa venue à West Bromwich a interpellé et suscité les doutes. Ces doutes ont rapidement été balayés par des résultats probants et un style propre à Slaven Bilic, dans la pure tradition croate. West Brom s’est rapidement démarqué de ses adversaires en proposant un jeu de possession et une capacité à faire exploser les défenses adverses grâce à la vivacité de ses joueurs de côté (Diangana, Phillips) et la force technique de son milieu (Livermore, Sawyers, Pereira, Krovinovic). Devant, les intelligents et expérimentés Robson-Kanu et Austin terminaient le travail avec une efficacité redoutable.

Bilic a rapidement posé les bases de son style et su parfaitement s’adapter à un championnat qu’il ne connaissait pas dans ses grandes largeurs. Le Championship n’est pas la Premier League et la Premier League n’est pas le Championship. Jouer 46 journées au lieu de 38 demande une grande adaptation pour les coachs qui débarquent de l’étranger. Le Croate a visé juste et dans la cible. Si bien que le board des Baggies a renouvelé sa confiance et désormais, l’objectif du club est d’enfin se poser en Premier League et éviter les turbulences. Redescendre en Championship serait un nouveau camouflet pour une équipe qui cherche à développer un projet solide sur le long terme avec des joueurs talentueux qui commencent à émerger. Bilic le sait, pour conserver son ossature, WBA devra se maintenir.
Une bataille de 38 journées
Quoi qu’il arrive, West Bromwich devra batailler toute la saison pour s’en sortir. Objectif, ne pas réitérer la saison 2017-2018 où les Baggies s’étaient littéralement enfoncés dans les entrailles de la Premier League dès le début du championnat (2 victoires au bout de 15 journées) sans jamais pouvoir penser un seul instant à un quelconque maintien. Cette fois-ci, West Brom veut se battre jusqu’au bout, quitte à échouer. Et pour ce faire, Bilic pourra compter sur les ingrédients qui lui ont permis de monter : une attaque technique, efficace et imprévisible, ainsi qu’une défense solide et des latéraux prometteurs. Un cocktail salvateur ? Peut-être, mais en cas d’échec, WBA aura été vaincu les armes à la main.