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Preview PL 2020/2021 : Leeds United, un retour attendu

Pour la reprise de la saison 2020/21 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Après seize ans en Football League, Leeds revient en Premier League avec la ferme attention de s’y pérenniser. Vainqueurs du Championship, les hommes de Marcelo Bielsa sont attendus médiatiquement et comptent bien profiter de cet emballement pour jouer crânement sa chance.

Et la joie s’empara de Leeds… 

Mercredi 22 juillet, il est un peu plus de 21 h 30 quand Liam Cooper, le capitaine écossais de Leeds soulève le trophée du titre de Championship dans un Elland Road vide, mais décoré par le luxe scintillant de la victoire. Entouré de ses partenaires, la médaille autour du cou, Cooper jubile, hurle sa joie incomparable. Les bouteilles de champagne sont débouchées, les confettis pleuvent. Le trophée passe de main en main. Marcelo Bielsa, légèrement à l’écart jusque-là s’immisce au milieu de ses joueurs. Le sourire volubile, le visage éclairé par les projecteurs, flanqué d’un tee-shirt blanc immaculé où le mot “champions” est inscrit en lettres dorées.

Le technicien argentin paraît apaisé. Il a réussi son pari, celui de ramener Leeds, l’un des sleeping giant de l’Angleterre, en Premier League. Ce trophée qu’il attrape puis catapulte vers le ciel est aussi le symbole de sa réussite. Jamais l’ancien coach de Marseille, Lille et Bilbao n’a dérogé ses principes depuis son arrivée dans le Yorkshire à l’été 2018 : travail, rigueur, discipline et simplicité. Les marqueurs de la méthode Bielsa. Remporter le titre un an après avoir échoué en demi-finale des playoffs contre Derby County reste sans doute l’une de ses plus belles réussites. Et Leeds lui a fait comprendre avec la passion omnipotente qui caractérise la cité. 

Acclamé par ses joueurs, Marcelo Bielsa a permis à Leeds de retrouver les sommets, seize ans après © Sky Sports

Quelques jours auparavant, alors que la montée a été officiellement validée, les fans du club se ruent autour de son appartement, situé en périphérie de Leeds, dans un quartier calme et paisible où le technicien argentin aime sortir et profiter des marchands locaux. Acclamé devant chez lui, Marcelo Bielsa, habillé en jogging, décide de s’offrir un bain de foule amplement mérité. Face à lui, des hommes, des femmes, mais surtout des enfants, les yeux remplis de bonheur et d’admiration. El Loco salue tout le monde malgré la distanciation sociale, le cœur heureux. Un quinquagénaire lance alors en face de lui : “You’re God”, il le regarde, s’arrête une fraction de seconde et lui rétorque “No, no” le doigt en l’air, le sourire gêné, avant de poser avec trois jeunes enfants vêtus de blanc, de bleu et de jaune, les couleurs du club. Simplicité.

Aux abords d’Elland Road, dans le même temps, la fête a déjà commencé. Les fans ont envahi le parking situé devant le stade et vrombissent à l’unisson, les écharpes et drapeaux en l’air. Des fumigènes sont tirés à toute berzingue. Les joueurs, qui ont suivi les résultats depuis une salle vidéo de l’enceinte s’invitent et partagent ce moment magique. La nuit arrive, mais la fête ne fait que commencer. Une douce mélancolie de victoire englobe la ville. Les Peacocks l’ont bien mérité. Une nouvelle ère peut enfin débuter.

Car si la saison s’est avérée particulière, la faute à la pandémie de Covid-19 qui a touché le monde entier, le club a tenu le gouvernail pendant l’intégralité de la saison. Présent dans le duo tête depuis la 17e journée et une victoire 2-1 sur la pelouse de Luton Town, Leeds n’a jamais flanché. Bien au contraire. Tout au long du championnat, la bande à Bielsa n’a pas douté un seul instant. Leeds savait qu’au bout du chemin, la Premier League l’attendait. Jamais les doutes ne sont arrivés, contrairement à la saison passée où, au terme d’un marathon dantesque, Norwich City et Sheffield United étaient venus coiffer les Peacocks sur le fil.

Autour d’Elland Road, les fans ont fêté la montée en Premier League pendant une bonne partie de la nuit du 22 juillet © Leeds Live

Cette fois-ci, les choses ont changé et surtout, Leeds a pansé ses plaies. Malgré les départs de certains joueurs importants comme Peacock-Farrell (Burnley), Jansson (Brentford), Clarke (Tottenham) et Roofe (Anderlecht), Leeds s’est montré compétitif d’entrée et a balayé d’un revers de main les doutes – légitimes – qu’on pouvait lui coller à l’orée d’une saison 2019-2020 de tous les dangers. Mais à l’image d’un secteur défensif retrouvé (meilleure défense du championnat avec 35 buts encaissés) et d’une efficacité similaire de l’exercice précédent (77 buts inscrits en 46 journées), Leeds a montré des garanties aussi bien collectives qu’individuelles. Et si la possession, conjuguée aux contres-attaques supersoniques restent les moteurs du jeu de Bielsa, on a pu apercevoir, dans la difficulté, que Leeds avait des ressources mentales rarement vues lors de la première saison du coach de Rosario. Face à des adversaires venus pour faire déjouer ce collectif, l’équipe n’a jamais véritablement plié, malgré parfois, et c’est le défaut que l’on peut lui reprocher, une maladresse évidente devant le but.

Néanmoins, contrairement aux saisons précédentes, Leeds n’a pas tout gâché, eu égard aux moqueries éternelles légendaires de ses rivaux dont la flagornerie a été souvent de dire “typical Leeds” ou “Leeds being Leeds” ces dernières années, en raison de la propension du club à se voir vite trop beau. La cuvée 2019-2020 fût différente. Leeds a retrouvé la lumière de la victoire, pour le plus grand bonheur de ses supporters. 

Des besoins dans tous les secteurs du jeu

Depuis l’arrivée de Marcelo Bielsa à la tête du club, le marché estival a souvent été synonyme de calme dans les coursives de Thorp Arch, le centre d’entraînement des Peacocks. Objectif : recruter intelligemment et conserver une majeure partie de l’effectif. Si le mercato a été prolongé cette saison, la stratégie du board de Leeds, initiée par Andréa Radrizzani et Victor Orta reste la même. Ainsi, très rapidement, le jeune gardien français Illan Meslier, prêté par Lorient, s’est vu offrir un contrat de trois ans après une fin de saison prometteuse où l’international espoir a parfaitement suppléé un Kiko Casilla vieillissant (33 ans) et largement critiqué pour des performances, disons-le, très médiocres. 

Défensivement, Leeds a tout tenté pour acheter le meilleur joueur de sa saison, en la personne de Ben White, prêté par Brighton. Malheureusement pour les Peacocks, le club du sud de l’Angleterre a rejeté toutes les offres concernant son défenseur de 22 ans, dont la dernière de 25 millions d’euros. Un premier couac pour Leeds qui s’est mis en quête désormais d’un nouveau défenseur central pour accompagner Liam Cooper en charnière. En cas d’échec, la solution interne de Pascal Struijk (21 ans) reste une possibilité. Mais ces dernières heures, on parle avec insistance d’une arrivée de Robin Koch, le défenseur de Fribourg. Sur les côtés, pas de changement ou presque puisque Luke Ayling, Stuart Dallas, Ezgan Alioski et Barry Douglas sont conservés et devront confirmer leur bonne saison passée, notamment pour les trois premiers cités. Ils seront accompagnés par le jeune Cody Dramey (18 ans), tout juste arrivé de Fulham. 

Au milieu, Leeds cherche également à se renforcer car malgré la présence des indéboulonnables Kalvin Phillips, Mateusz Klich et Pablo Hernandez, le club du Yorkshire possède beaucoup moins de solutions dans le coeur du jeu. Adam Forshaw est sur le flanc depuis des mois et tarde à revenir, tandis que les jeunes loups Jamie Shackleton (20 ans), Mateusz Bogusz (19 ans) et Jordan Stevens (20 ans) ne sont pas encore véritablement prêts à prendre la relève. Et pourtant, comble de l’ironie, c’est vers cette jeunesse que Leeds semble s’intéresser. Le jeune milieu français de 18 ans, Michael Olise (Reading) a été sondé et des rumeurs concernant une possible venue d’Emiliano Buendia (Norwich/23 ans) sont toujours d’actualité. 

À 35 ans, Pablo Hernandez reste l’un des rouages essentiels de Leeds United. La saison passée, le milieu espagnol a inscrit 9 buts et délivré 9 passes décisives © Yorkshire Evening Post

C’est sans doute le secteur offensif où le board de Leeds risque de casser sa tirelire et cela a commencé avec notamment l’arrivée officielle, aujourd’hui, de l’attaquant de Valence, Rodrigo, pour 40 millions d’euros (bonus compris. À 29 ans, l’Espagnol débarque avec un solide passif derrière lui et aura la charge de corriger les imperfections offensives de la saison passée. En effet, l’un des points noirs des Peacocks reste le rendement irrégulier de Patrick Bamford, auteur de 17 buts en Championship, mais dont les ratés ont souvent irrité les fans du club et les observateurs.

Autour d’eux, Leeds a prolongé le prêt de Jack Harrison, beaucoup plus à son avantage lors de la reprise du championnat en juin, Helder Costa désormais joueur de Leeds à 100 % – son option d’achat a été levée début juillet -, Tyler Roberts qui devra se montrer plus efficace (seulement 4 buts en Championship la saison passée), Ian Poveda dont les premières apparitions se sont montrées intéressantes, ainsi que les prometteurs Joe Gelhardt (18 ans) et Sam Greenwood (18 ans) venus de Wigan et Arsenal pour une bouchée de pain. Mais Leeds ne compte pas s’arrêter là et souhaite se munir de plusieurs cartouches. On a ainsi parlé dans la presse anglaise d’un intérêt pour Ollie Watkins (Brentford) et Michy Batshuayi (Chelsea). 

Toutefois, Leeds ne souhaite pas reproduire les erreurs des clubs de Championship récemment promus qui ont parfois tenté le diable en voulant acheter de manière compulsive. Bielsa l’a répété, il recherche des joueurs ayant la capacité de s’insérer dans son système de jeu et venir suppléer les cadres de l’effectif tout en permettant aux jeunes pépites du club de grandir. Si Leeds se maintient, il le fera grâce à ses certitudes qui lui ont permis d’atteindre la Premier League. 

Une montée (sur)médiatisée

Le hasard du calendrier fait que Leeds débutera sa saison par un déplacement à Anfield, l’antre du champion en titre, Liverpool. De quoi faire fantasmer la presse anglaise, heureuse de voir (enfin) Marcelo Bielsa en Premier League. Le technicien de 65 ans est attendu comme le prophète. Face à lui, des admirateurs, des sympathisants et surtout, ses héritiers : Pep Guardiola et Mikel Arteta. Le monde en rêvait, la Premier League y est parvenue. Réunir El Loco face à ceux qui n’ont cessé de vanter une admiration quasi spirituelle à son égard. Le romantisme dans sa plus simple expression. Le jeu pour le jeu. La passion indéfectible. N’en jetez plus, le scénario est déjà écrit et parfaitement lisible.

Les retrouvailles entre Marcelo Bielsa et Pep Guardiola seront l’une des attractions de la Premier League cette saison, tout comme celles avec Mikel Arteta © BBC

La presse a préparé ses beaux discours, la radio a confectionné ses plus belles envolées lyriques et la télévision a structuré ses futurs reportages sur la relation fusionnelle entre Marcelo Bielsa et la jeune garde. Sarcasme ou non, le retour de Leeds en Premier League suscite le fantasme, l’intérêt. Il interpelle. Le club est détesté, son entraîneur adulé ou raillé pour ses discours et frasques. Netflix risque de rentrer dans la danse à vitesse grand v. Il tient son chef-d’oeuvre de l’année. Seize ans après, Leeds revient pour montrer sa valeur et retrouver, qui sait, son lustre d’antan. Revivre de grandes épopées ? La question va être posée, sans nul doute.

À Leeds de s’en défaire (ou de s’en accommoder) malgré les discours de l’été : “Leeds va-t-il renaître de ses cendres ?” qui n’ont cessé de pulluler aux quatre coins du royaume. Surmédiatisation ? Admiration ? Un peu des deux, mais la réalité du terrain est tout autre. Bielsa le sait, le club en est convaincu. Leeds est attendu au tournant et doit montrer que les légendes ne meurent jamais. 

Au bon souvenir des illustres modèles 

L’année 2020 a été particulière pour les Peacocks. Le titre de Championship, une remontée dans un contexte sanitaire qui a contraint le championnat à reprendre dans des enceintes vides et des mesures d’hygiène drastiques, mais surtout, les décès de ses anciennes gloires : Jack Charlton, Norman Hunter et Trevor Cherry pendant le confinement. Les symboles des années 60-70, période où le mythique Don Revie a fait de Leeds un club légendaire et reconnu à travers le monde. Le fameux “Dirty Leeds”. Une période lointaine, dont les souvenirs sont affichés dans les artères d’Elland Road, lieu tout aussi iconique quand les 38 000 places sont garnies les jours de match.

C’est un pan de son histoire qu’a vécu Leeds cette année. Une période pour l’heure syncopée, remplie de bonheur, d’effusion de joie, comme à la glorieuse époque. Alors, pour continuer à faire perdurer le souvenir du passé, le Leeds version 2020 de Marcelo Bielsa, Kalvin Phillips, Liam Cooper, Luke Ayling ou Patrick Bamford va devoir rééditer ce qu’il a déjà fait : gagner et travailler. Car c’est souvent dans le travail que l’on forge les plus belles victoires.

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L’auteur

Thomas

Thomas

Étudiant en journalisme, amoureux du football britannique et des divisions inférieures.