Preview PL 2019/20 : West Ham, le marteau doit enfin cogner

Pour la reprise de la saison 2019/20 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Après l’arrivée de Manuel Pellegrini sur le banc la saison dernière, West Ham a réalisé un exercice 2018-19 mitigé, à la vue des investissements consentis sur le marché des transferts. À l’entame de cette nouvelle saison, les Hammers souhaitent enclencher la seconde et terminer dans une position plus conforme à leurs ambitions. Analyse.
Un exercice moyen, voir décevant
10 Mars 2018. Le Board, complètement dépassé et impuissant, assiste à la déroute à domicile des Hammers contre Burnley (0-3), alors que le club vit à ce moment-là une période trouble, marquée par la colère des supporters demandant un changement de direction. Comme le symbole d’un West Ham englué dans les profondeurs du classement, et dont la situation sportive ne pouvait que repartir de l’avant.
Force est de constater que le changement est arrivé à l’heure du côté de l’est londonien. À l’aube de cette saison 2018/19, exit David Moyes, dont le contrat n’a pas été renouvelé, et welcome Manuel Pellegrini, que les chairmans – les deux David, Gold et Sullivan – n’ont pas hésité à dénicher du côté du Hebei China Fortune. La direction comptait bien marquer le coup en enrôlant un manager très expérimenté, connaissant parfaitement la Premier League du haut de son titre de champion d’Angleterre en 2014 avec Manchester City, et prônant un football attrayant et offensif, qui puisse faire vibrer un London Stadium trop longtemps soumis à un spectacle relativement indigeste.
Et les moyens ont été mis à sa disposition : £90M dépensés pour de belles prises comme Felipe Anderson, Issa Diop, Andriy Yarmolenko, Lukazs Fabianski, Fabian Balbuena, Carlos Sanchez ou encore Lucas Perez. Les Hammers ont également flairé les bons coups sur le marché des « free transfers » puisqu’ils ont enrôlé Jack Wilshere, pourtant Gunner invétéré, et l’espoir Ryan Fredericks, latéral droit en provenance de Fulham. Beaucoup de changements apportés pour permettre à West Ham de faire peau neuve, et au coach chilien de travailler avec des joueurs capables d’épouser son style de jeu et d’intégrer le système qu’il souhaite mettre en place. Si Samir Nasri, l’un des hommes-clés du temps de Pellegrini à City, va apporter son expérience en rejoignant le club en janvier après une malencontreuse suspension d’un an pour dopage, les résultats seront plus ou moins ceux espérés : l’obtention d’une 10e place avec la bagatelle de 52 points.

Avec un démarrage catastrophique – 4 défaites lors des 4 premières journées – alors que tous les observateurs voyaient West Ham lutter pour une place dans le top 8, les Hammers ont limité la casse, alternant victoires de prestige (Manchester United, Arsenal, Tottenham) et prestations exécrables (Watford, Burnley, Bournemouth). Certains y voient une année d’adaptation pour toutes les nouvelles têtes débarquées, ainsi qu’une prise de température de Pellegrini sur ses capacités à tirer l’équipe vers le haut. En tout cas, cette saison ne fut en aucun point linéaire et reste très difficile à analyser, tant les performances de ces nouveaux Hammers pouvaient fluctuer d’une semaine à l’autre. Les fidèles du London Stadium veulent ainsi croire à une saison de transition et espèrent que la suivante, soit celle où les choses sérieuses vont commencer.
Deux têtes d’affiche pour le recrutement
Afin de garder l’ossature d’un effectif talentueux qui ne demande qu’à s’émanciper, le Board n’a pas souhaité chambouler le groupe professionnel cet été. Mais deux recrues majeures à forte valeur ont tout de même été incorporées.

La première est espagnole et débarque de Villarreal : Pablo Fornals. L’international espoir, que certains ont pu observer lors du championnat d’Europe Espoirs en juin dernier (championnat ponctué par une victoire de sa sélection), vient compléter un secteur qui était essentiellement propriété de Manuel Lanzini depuis 2015, et son arrivée dans la capitale anglaise. L’Argentin n’avait pas vraiment pu assumer son rôle la saison dernière, victime d’une rupture du ligament croisé d’un genou, qui lui avait coûté sa place dans les 23 de l’Albiceleste pour le Mondial en Russie, et de nouveau apte qu’en février dernier. Fornals, acheté contre £24M, tient plus à prendre la place laissée vacante par Samir Nasri, non reconduit après son interim de six mois. Sa jeunesse, sa fougue, ses énormes qualités de jeu dans les petits espaces ainsi que sa clairvoyance devraient permettre à West Ham de proposer le football attrayant tant attendu.
L’Espagnol a également été choisi pour alimenter en ballons Sébastien Haller, l’autre recrue phare dans l’est londonien. Arrivé contre la somme de £45M – transfert record pour les Hammers – le Français compte bien apporter une plus-value considérable à une attaque amputée de trois joueurs : Marko Arnautovic, parti voguer vers la Chine pour une retraite dorée au Shanghai SIPG, Lucas Perez, retourné en Liga du côté d’Alavès, ainsi qu’Andy Carroll, dont le retour au bercail à Newcastle semble être un soulagement, puisqu’il lui permettra – sans doute – de relancer une carrière perturbée par de multiples blessures. Seul reste Javier « Chicharito » Hernandez, mais l’ancien attaquant de Francfort, avec 20 buts inscrits en 41 apparitions toutes compétitions confondues la saison dernière, sera bien entendu titulaire dans cette équipe. Manuel Pellegrini, qui souhaitait ardemment la venue du français, espère que son jeu dos au but et son profil de point de fixation, pèseront sur les défenses adverses. Outre son efficacité pour conclure les actions, son côté altruiste – 15 assists avec l’Eintracht en 2018/19 – sera précieux pour l’équipe.

L’ex-avant-centre du FC Bâle, le Suisse Albian Ajeti fera office de concurrent aux attaquants. Les Hammers ont déboursé la modique somme de £8M pour s’octroyer ses services. Son flair offensif et sa capacité à toujours être bien placé dans la surface de réparation, seront également des atouts de poids pour l’attaque d’un Pellegrini, souhaitant disposer de tous les profils offensifs possibles. Mais l’attaque n’est pas le seul secteur renouvelé cet été. Lukas Fabianski a vu débarquer sa nouvelle doublure, Roberto, en provenance de Malaga. Un portier espagnol qui en chasse un autre, puisqu’Adrian, non reconduit, s’est engagé du côté de la Mersey et de Liverpool. David Martin, gardien de 33 ans de Milwall – qui a fait l’essentiel de sa carrière à Milton Keynes – constituera le troisième gardien de l’effectif. Enfin, la défense centrale a vu l’arrivée d’une nouvelle recrue, Gonçalo Cardoso, 18 ans, jeune pépite de Boavista. Il apprendra le métier au côté des titulaires Issa Diop et Fabian Balbuena, ainsi que des vieux briscards Angelo Ogbonnna et Winston Reid.
« Le Charming Man », toujours star N°1
L’homme fort de West Ham reste avant tout son entraîneur, Manuel Pellegrini, ancien coach de City, ainsi que de Malaga et du Real Madrid. Ses débuts furent très compliqués, avec des joueurs – nouveaux pour la plupart – ne comprenant pas directement la direction et le projet de jeu voulus par le Chilien. Mais ses préceptes, axés autour de la possession et de la projection vers l’avant à la récupération du ballon, se sont petit à petit ancrés dans l’esprit de son groupe, qui a su, tant bien que mal, redresser la barre. Derrière, il a réussi à installer une charnière très solide et rugueuse, n’ayant pas vraiment besoin de temps d’adaptation. On retrouve chez Fabian Balbuena, qui a fait sa réputation dans le championnat brésilien avec les Corinthians, le profil-type du défenseur sud-américain aux capacités physiques impressionnantes et doté d’un jeu de tête puissant, alors qu’Issa Diop, formé à Toulouse et qui a fait ses armes en Ligue 1, se distingue par sa lecture du jeu adverse et son sens de l’anticipation.
Des qualités qui n’étaient pas passés inaperçues face à Manchester United (3-2) au London Stadium, José Mourinho vantant son extraordinaire prestation tout en louant le travail de la cellule de recrutement des Hammers, qui a su mettre la main sur le défenseur de 22 ans. Les arrières latéraux constitueront également l’un des points forts de cette équipe de West Ham. Après avoir appris aux côtés de Pablo Zabaleta, Ryan Fredericks partira titulaire dans l’esprit de Pellegrini dans le couloir droit et ses montées, comme celles d’Aaron Cresswell ou d’Arthur Masuaku à gauche, devraient apporter une solution précieuse pour les milieux et les attaquants. Mark Noble, capitaine et véritable légende des Irons depuis ses débuts professionnels en 2004, sera toujours le patron du milieu mais s’appuiera, dans le même registre, sur la fougue de Jack Wilshere – ce dernier espère enfin se débarrasser de ses multiples blessures pour accomplir une saison complète – et sur la jeunesse couplée au talent, de Declan Rice, véritable révélation côté Hammer la saison dernière. L’ancien membre de l’Academy de Chelsea a d’ailleurs fait ses débuts avec les Three Lions cette saison, après avoir claqué la porte à la sélection irlandaise malgré 3 petites sélections. Le néo-International anglais devra confirmer ses bonnes dispositions pour aller encore plus haut, lui qui est déjà dans le viseur des plus grosses écuries du Royaume. Le Colombien et ancien Valenciennois Carlos Sanchez entrera dans la rotation, alors qu’un autre milieu défensif Pedro Obiang, a décidé d’aller voir ailleurs du côté de Sassuolo.

Les ailiers ou milieux de côté, selon le schéma tactique mis en place par Manuel Pellegrini, seront pourvues par Felipe Anderson, Andriy Yarmolenko, Robert Snodgrass ou Michail Antonio. Si l’Ecossais et l’Anglais savent qu’ils devront bousculer la hiérarchie pour débuter les rencontres – tout en restant des valeurs sûres -, le Brésilien espère surfer sur son exercice 2018/19 très satisfaisant au niveau personnel avec 9 buts et 4 assists, lui qui provoque continuellement sur son côté droit et apportant le danger offensif voulu par le manager chilien. L’Ukrainien, lui, souhaite surtout rattraper le temps perdu, une blessure au tendon d’Achille en octobre 2018 ayant mis précipitamment fin à une saison pourtant prometteuse. La recrue Pablo Fornals et Manuel Lanzini seront chargés de l’animation offensive en position de milieu offensif, pour ainsi permettre d’alimenter Sébastien Haller installé aux avants-postes, alors que Chicharito et Albian Ajeti débuteront normalement les rencontres sur le banc. Xande Silva, le Portugais arrivé l’été dernier en provenance du Vitoria Guimareas, part de plus loin, et devrait jouer le plus souvent avec les U23.
Une certaine idée de jeu, ne reste plus qu’à…
Après avoir relevé quelque peu la tête, pour terminer en plein ventre mou et ainsi éviter la complexité d’une lutte toujours sans merci pour la relégation, l’heure est à la véritable mise en place du jeu prôné et souhaité par Manuel Pellegrini. La saison 2018/19 n’a pas de suite mis en avant les qualités de son effectif, il est vrai assez chamboulé à l’intersaison. Certains, et notamment la presse britannique, sortiront l’excuse de la saison d’adaptation pour les nouveaux joueurs, qui apprennent à jouer ensemble dans un championnat aussi compliqué que la Premier League. Tandis que le Chilien pourra toujours se défendre avec l’exemple de Jürgen Klopp, qui a mis deux saisons à faire adhérer ses principes de jeu, avec les profils de joueurs correspondants. West Ham n’est pas Liverpool, et le Board des Hammers n’attendra sans doute pas une saison de plus, mais avec un effectif peu modifié, le Chilien a tout en main pour réussir du côté du London Stadium.

Avec groupe de moindre qualité, mais avec une discipline tactique impressionnante, les Wolves de Nuno Espirito Santo sont devenus champions (7e) de l’autre Premier League- celle exemptée des mastodontes, qui jouent dans la cour à côté, plus luxueuse. Un autre exemple soutenant que la tâche de Pellegrini n’a rien d’impossible, et que l’ancien entraîneur de Malaga a toutes les cartes en main pour sublimer une formation et un club, en manque de jouissance footballistique depuis le départ avec fracas de Dimitri Payet au mercato d’hiver 2017. Le « Charming Man » l’a bel et bien compris et a exprimé cette attente lors de l’intersaison : « La saison dernière n’était pas celle que nous espérions. Même si l’équipe a su se sublimer par moment, la Premier League est un championnat tellement difficile qu’il ne vous permet pas le moindre relâchement. Cette saison est différente et de nouvelles têtes sont arrivées, sans que le groupe en soit beaucoup modifié. C’est une aubaine pour nous, ainsi que pour les recrues qui vont pouvoir s’adapter vite. Nous savons quels sont nos objectifs et avons à cœur de prouver à nos supporters que l’effectif est de qualité. » Alors quel est cet objectif ? Pour l’heure, une place dans le top 6 est inconcevable, puisqu’elle semble avoir déjà ses six réservations.
Les Hammers souhaiteront donc lutter pour être à la tête de l’autre championnat, en compagnie de leurs copains de cour Everton, Leicester, Wolverhampton et, peut-être, dans une moindre mesure, Watford. La perte d’éléments importants comme Marko Arnautovic, véritable star offensive de West Ham depuis son arrivée à Londres en 2017, devrait vite être oubliée si l’équipe de la capitale anglaise arrive à se régénérer qualitativement. On devrait le savoir bientôt. Après la claque reçue à domicile par City (0-5) en ouverture, les Hammers ont ramené un nul du côté de Brighton (1-1). Un résultat mitigé, assez symbolique de cette équipe. Mais Manuel Pellegrini doit trouver la solution. Sinon, un deuxième exercice raté de suite ne jouera pas en sa faveur, et la porte de sortie sera alors vite indiquée.