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Preview PL 2020/21: Fulham, l’heure est à la stabilité

Pour la reprise de la saison 2020/21 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Fraîchement promu en Premier League, Fulham prépare doucement, mais sûrement, son retour au sein de l’élite après un passage désastreux il y a de cela deux ans.

Au bout du suspense

Il aura donc fallu attendre plus d’un an (367 jours plus précisément), 120 âpres et  intenses minutes, un chef d’œuvre de l’héros d’un soir. Le tout dans l’arène d’un triste temple, privé de ses deux parties coutumièrement ravivées par les couleurs et l’indescriptible ambiance des supporters des deux protagonistes, pour assister à l’aboutissement d’un exercice de Championship qui aura tenu toutes ses promesses, et au bout duquel Fulham a validé son billet vers l’élite du football anglais face aux voisins Bees, équipe sensation de la saison. Quoi de mieux qu’un ascenseur pour effectuer un retour qui ne s’est finalement pas fait attendre ? Pourtant, la route ne fut pas si facile pour les Cottagers, et un homme en particulier, Scott Parker.

Car lorsque l’ex-milieu défensif des Three Lions a récupéré le banc de touche de Fulham en février 2019, après l’éviction de Slavisa Jokanovic et l’erreur de casting Claudio Ranieri, il hérite d’une équipe abattue, quasi-condamnée et d’un ‘projet’ agité. La fin de saison plutôt encourageante n’y changera rien quant au verdict final. Les yeux sont déjà tournés vers le passage au Championship et la transition sera assurée par le manager Anglais, sorti de son rôle d’intérimaire pour endosser ce costume qui lui va (ira) si bien.

Attendus dans la lutte pour l’accession directe à la Premier League, Fulham aura été tout au long de la saison dans le mixe courtisant le fameux sésame, sans pour autant réussir à accrocher une place dans le Top 2 – régulièrement occupées par les deux locomotives Leeds United et West Bromwich – ne serait-ce que pour un weekend.

Il faut dire que pendant le mercato estival, les Whites s’étaient fait hyperactifs. Dans l’urgence d’une refonte de son effectif, face à l’exode massif des très gros salaires et des retours de prêts non-concrétisés, Scott Parker a opté pour beaucoup plus de certitudes afin d’asseoir une ossature collective bien plus cohérente.

Anthony Knockaert fut l’été dernier l’un des premiers coups des Cottagers. ©Daily Mail

Les arrivées d’Anthony Knockaert et d’Ivan Cavaleiro, respectivement en provenance de Brighton & Hove Albion et Wolverhampton, couplées à la prolongation de contrat du buteur fétiche Aleksandar Mitrovic, font figures de signal fort adressé aux pensionnaires du Second Tier, échelon si bien façonné pour ce trio d’attaque. Les affaires se sont ensuite vite enchaînées, avec les prêts d’Harry Arter (beau-frère du coach Anglais), du polyvalent Bobby Decordova-Reid ou encore d’Harrison Reed. Joshua Onomah (inclus dans la transaction arrangée avec Tottenham pour le départ de l’enfant prodige Ryan Sessegnon) conclura un marché qui aura été agité de bout en bout.

Les Cottagers, surpris dès la première journée par un Barnsley plus tranchant, ont d’entrée (re)fait connaissance avec l’intransigeance du Championship. Une piqure de rappel qui en appellera bien d’autres pour un démarrage mitigé malgré quelques coups d’éclat délivrés passagèrement, notamment au cours de l’éclatante victoire à Craven Cottage face à Millwall (4-0).

Au bout de 15 journées de Championship, Fulham se cherche encore une stabilité défensive afin de remédier aux 4 revers et 5 matchs nuls subis. Mais au-delà de ce début de saison peu reluisant, Fulham se cherchait surtout une identité, dans un championnat où le rythme et la compétitivité ne sont certainement pas idoines pour allier résultats et philosophie. Les Cottagers tiennent la fâcheuse habitude de flancher dès que l’opportunité d’attraper le duo de tête, si proches, mais pourtant si loin, se pointe à l’horizon. Une irrégularité qui laisse naturellement penser qu’avec une place de barragiste peu menacée, le climat est devenu, au fil du temps, bien plus propice à une préparation beaucoup plus saine pour les insoutenables barrages d’accession.

« Il sait très bien comment nous motiver. Quand il prend la parole, tout le monde respecte ses positions. Il y était à notre place, et sait comment s’y faire. »

Malgré les claques reçues face à Barnsley (0-3), Brentford (0-2) et Leeds United (3-0), Scott Parker bricole, apprend, et à y regarder de plus près, s’est certainement façonné une équipe qui ressemble de plus en plus à la sérénité qu’il dégage devant son banc de touche.  Un constat partagé par le latéral gauche Anglais, Joe Bryan : « Il sait très bien comment nous motiver. Quand il prend la parole, tout le monde respecte ses positions. Il y était à notre place, et sait comment s’y faire. »

Mathématiquement engagé dans l’accession directe jusqu’au bout de la saison régulière, Fulham a dû passer par la case Play-offs. Se confrontant ainsi au pragmatisme du Cardiff City de Neil Harris pour une place à Wembley, au cours d’une intense double confrontation remportée non sans difficultés, grâce notamment à un Josh Onomah de grande classe et un Neeskens Kebano reconverti en maitre artificier sur coups de pied arrêtés.

Un retour immédiat vers l’échelon supérieur a toujours été en ligne de mire pour un groupe qui a déjà connu la consécration à Wembley deux ans auparavant (1-0 face à Aston Villa). Et comme l’histoire adore se répéter,  le temple du football aura été encore une fois témoin du retour de l’élite Anglaise à Craven Cottage.

Fulham - Cardiff City, l'opposition de deux styles. ©Sky Sports
Fulham – Cardiff City, l’opposition de deux styles. ©Sky Sports

Promesse d’un renouveau

Un premier chiffre pour situer la qualité de jeu des Cottagers depuis plus d’un an: Fulham a tenté près de 24.000 passes, soit plus que tout autre pensionnaire de Championship. Toutes ligues confondues, seuls Manchester City, Liverpool et Chelsea font mieux dans cet exercice. Mieux encore, les protégés de Scott Parker dominent nettement l’exercice de la possession en Championship avec le meilleur total de passes tentées, passes réussies et pourcentage de passes réussies dans le camp adverse.

Le constat est clair, le manager Anglais tient à l’idée de construire le jeu depuis la défense et dicter le tempo. Outre la patience tactique, les débordements et l’apport offensif des latéraux permettent aux Whites de créer très souvent une supériorité numérique dans les couloirs, en atteste leur total de centres tentés en phase de possession, deuxième meilleur bilan du championnat.

En misant sur une telle approche, Scott Parker a réussi à mieux tirer parti du bagage technique de Joe Bryan. S’il est en manque de maturité tactique dans les replis défensifs, le natif de Bristol s’est illustré sur le plan offensif, en offrant constamment à son compère du flanc gauche Ivan Cavaleiro plusieurs solutions et en faisant preuve d’une excellente maitrise technique dans les centres. Résultat ? Le latéral gauche de 26 ans affiche une moyenne de 1.2 passes clés par match et un total de 7 passes décisives en Championship, aucun autre défenseur n’a fait mieux cette saison.

Scott Parker est aussi à la base d’un nouveau système de jeu. Un 4-3-3 qui peut se muer en cours de match en un 4-1-4-1, avec en prime l’aptitude de faire tourner son effectif. Car Scott Parker s’appuie, mise à part les quelques cadres, sur bon nombre de joueurs (31 joueurs utilisés). Ainsi, devant les buts, l’excellent portier Slovaque Marek Rodak (23 ans) a su, de par sa sérénité, saisir l’opportunité face à l’irrégularité de Marcus Bettinelli.

Défensivement, les Cottagers ont dû attendre l’arrivée de Michael Hector en janvier pour pouvoir trouver une vraie stabilité. Formé à Millwall, le natif de East Ham a longtemps bourlingué dans les divisions inférieures avec, excusez du peu, 15 (quinze) prêts successifs … à seulement 28 ans. Excellent dans l’interception et intraitable dans les duels, l’international Jamaïcain a su maîtriser l’art de défendre et apporter un élan tactique à la formation de Parker, grâce à son aptitude à protéger les espaces derrière lui en phases offensives.

Autre élément clé dans l’équilibre et l’approche tactique de Fulham, Harrison Reed a été précieux dans la récupération. Prêté par Southampton, le milieu défensif de 25 ans était devenu l’une des pierres angulaires du technicien Anglais et a laissé une marque indélébile auprès des fidèles de Craven Cottage et le staff technique, au  point où il fait désormais figure de priorité pour le mercato estival. Sur les côtés, Fulham joue avec deux vrais ailiers (Anthony Knockaert à droite, Ivan Cavaleiro à gauche).

Tout une mise en place qui offre à Aleksandar Mitrovic une liberté et une présence dans la surface adverse. Le buteur Serbe avait fait le pari de prolonger son aventure sur le bord de la Tamise l’été dernier, avec l’intime conviction qu’un retour parmi l’élite serait scellé en l’espace d’une année. Il a fait parler tout au long de la saison son côté clinique devant les buts, en réussissant à se hisser à la tête du classement des buteurs avec 26 buts. À l’évidence, l’apport de l’international Serbe dans la surface de vérité et le poids qu’il pèse sur les défenses adverses sont sans équivoque.

Pourtant, Scott Parker a su varier le jeu de son équipe et s’adapter aux éléments disponibles en l’absence du meilleur buteur de Championship, pour un bilan de 5 victoires et un nul en 6 rencontres de championnat. Mieux : les Cottagers réussissent à intensifier encore plus leur pressing sur le porteur du ballon et deviennent mois faillibles dans les transitions défensives. Un constat qui tombe à point nommé pour le Boss de Fulham, souvent critiqué pour ses changements tardifs et sur la discutable utilisation de ses joueurs majeurs, en particulier Anthony Knockaert. Rien n’y fait, Scott Parker a réussi à forger sa réputation de manager émergeant.

Aleksandar Mitrovic n'a plus rien à prouver en Championship. ©Sky Sports
Aleksandar Mitrovic n’a plus rien à prouver en Championship. ©Sky Sports

Ne plus faire une « Fulham »

« Vous ne pouvez pas construire des équipes sur des changements drastiques. Je côtoie cette équipe depuis plus de 15 mois et il y a eu une nette amélioration. ». Le ton est donné par Scott Parker, médaille autour du cou, au micro de Sky Sports, avant de rajouter : « Bien sûr que nous avons besoin de renforts, nous allons intégrer le championnat le plus compétitif, mais une chose est sûre, il n’y aura pas de changements drastiques au sein de l’effectif. ».

Car au-delà d’une revanche, Fulham cherche surtout une ligne directrice bien définie et une politique sportive plus viable sur le moyen terme, loin des £100m déboursés par Slaviša Jokanović  à l’aube de l’exercice 2018/2019. Plus qu’une note salée, le club de l’ouest de Londres doit soigner une image – celle attribuée, à tort et à travers, à tout club dépensier depuis le fameux été 2018.

Une aspiration qui devrait vraisemblablement prendre la forme d’une opération dégraissage. Recrutés il y a de cela deux ans respectivement contre £27m et £23m, Jean Michael Seri et André Zambo Anguissa risquent de plier bagage très tôt avec l’intérêt de plusieurs clubs européens porté à leur égard. Maxime Le Marchand, barré par la concurrence depuis sa blessure au dos qui l’avait éloigné des terrains durant près de 7 mois (période de confinement comprise), pourrait lui aussi revoir ses plans avant la fin du mercato.

Dans le sens inverse, et en attendant un potentiel accord qui verrait Harrison Reed revenir sous forme d’un transfert définitif, les Cottagers n’ont pas perdu de temps pour activer les options d’achat d’Anthony Knockaert et Ivan Cavaleiro. Antonee Robinson, prometteur latéral gauche de 23 ans a, de son côté, paraphé un contrat de 4 saisons. Auteur d’une saison pleine à Wigan, l’international Américain a séduit les recruteurs de Fulham et devrait certainement apporter une concurrence saine à Joe Bryan.

Voici à quoi devrait ressembler Craven Cottage fin 2021. ©fulhamfc.com
Voici à quoi devrait ressembler Craven Cottage fin 2021. ©fulhamfc.com

Encore un stade à passer

Face aux enjeux sportifs et économiques, un dilemme se présente à Fulham – songer à jouer et imposer sa patte, ou bien faire preuve d’adaptabilité et de souplesse tactique, quitte à laisser de côté, momentanément, des principes de jeu tant primordiaux quant au retour immédiat des Whites. Une chose est sûre, le club doit impérativement réussir son entrée en matière et s’imposer dans son « mini championnat ».

Avec Scott Parker aux manettes, Fulham dispose d’un facteur X, tant sur le plan du vécu (avec plus de 400 matchs de Premier League), que sur l’état d’esprit entretenu par le ‘FWA footballeur de l’année 2011’. En attendant, la Premier League sera donc de retour le 12 septembre à Craven Cottage, dont la tribune ouest (Riverside stand) est toujours en rénovation pour au moins une année. Premier rendez-vous : Arsenal.

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L’auteur

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Compte dédié à l'antichambre de l’élite anglaise - là où les termes "Kick" et "Rush" ne sont plus à l'ordre du jour - et créé par un nostalgique du pied gauche de Matthew Taylor, dont le seul rêve serait de couper un centre tendu de Stewie Downing.
Intermédiaire occasionnel entre le Championship et les twittos, intéressé aussi par le football.