English Football League : en route vers Wembley

Comme le veut la tradition, la dernière place d’accession de Championship, League One et League Two se dispute sous la forme de playoffs. Après plusieurs mois haletants, douze équipes s’apprêtent à vivre deux semaines sous haute tension avec un seul objectif en tête, gagner la finale à Wembley et composter son billet pour l’échelon supérieur. Présentation de chacune d’entre elles.
League Two (D4)
Morecambe
C’est l’une des belles et grandes surprises de cette saison. Habitué à jouer le maintien depuis plusieurs années, Morecambe a surpris son monde en se mêlant à la lutte pour la montée jusqu’à la dernière journée ! Une véritable prouesse tant sur le papier, les pensionnaires de la Globe Arena ne devaient pas voir si haut. Mais force est de constater que le recrutement réalisé l’été dernier a porté ses fruits. Sans dépenser des folies, Morecambe a enrôlé des valeurs sûres de Football League comme Nathaniel Knight-Percival (Carlisle), Kelvin Mellor (Bradford City) ou encore Yann Songo’o (Scunthorpe). Une expérience importante à l’amorce du sprint final où les Shrimps ont pris beaucoup de risques en proposant un jeu ultra-offensif. Si la défense n’a pas toujours tenu (58 buts encaissés), la bande à Derek Adams s’est assurée une place en playoffs grâce à quatre succès lors des cinq dernières journées. Un scénario rêvé pour la formation du Lancashire qui n’a jamais encore connu la League One. Morecambe a désormais trois matches pour écrire l’un des plus beaux chapitres de son histoire.
L’homme à suivre : la doublette Songo’o-Diagouraga
Il souffle un petit air de francophonie sur la côte ouest de l’Angleterre. Méconnus en France, Toumani Diagouraga, formé au PSG et Yann Songo’o, formé à Metz, sont devenus des joueurs reconnus et respectés outre-Manche. Avec respectivement 461 et 175 matches au compteur, les deux milieux défensifs de Morecambe ont apporté toute leur expérience et réalisé une saison pleine. Une belle récompense pour notamment Toumani Diagouraga qui sortait d’un passage compliqué à Swindon Town. À bientôt 34 ans, l’ancienne gloire de Brentford au milieu des années 2010 espère enfin gagner les playoffs, après avoir connu deux échecs avec les Bees en 2013 et 2015.
Adversaire en demi-finale : Tranmere
Tranmere
Tranmere a tout connu cette saison. Un départ complètement raté avec deux victoires en seulement dix journées, le limogeage fin octobre de Mike Jackson, devenu coach principal après le départ de Micky Mellon l’été dernier, puis la résurrection sous Keith Hill arrivé en novembre et, enfin, le départ inattendu de ce dernier il y a quelques jours. De quoi forcément questionner. Si politiquement, le départ de Hill s’est fait d’un commun accord, en coulisses et selon The Athletic, de nombreuses divergences seraient à l’origine du départ du coach anglais. À quelques jours de la demi-finale contre Morecambe, difficile de faire pire comme timing. Pourtant, les Super Whites ont sur le papier une équipe très intéressante, emmenée par deux vieux briscards bien connus de la Premier League et du Championship : David Nugent et, surtout, James Vaughan, auteur de dix-huit réalisations en League Two cette saison. De vraies garanties. Mais à l’aune de jouer son ticket pour la League One, Tranmere ne s’est pas préparé de la meilleure des manières. Attention à ne pas le regretter.
L’homme à suivre : James Vaughan
Qui l’eût cru ? À 32 printemps, James Vaughan continue de faire trembler les filets et de régaler les fans de Tranmere. Arrivé en provenance de Bradford, l’ancien joueur d’Everton, Huddersfield, Crystal ou Sunderland, a rapidement pris une place importante dans le collectif des Super Whites. Malgré des pépins physiques récurrents depuis mars, qui ont par ailleurs été en adéquation avec la fin de saison plus difficile de son équipe, le natif de Birmingham a répondu présent. Son expérience sera primordiale durant ces playoffs. Et à Tranmere, on se dit qu’il pourrait bien être l’homme providentiel.
Adversaire en demi-finale : Morecambe

Newport County
Les fans de Newport n’ont pas oublié cette finale de playoffs perdue face à Tranmere en mai 2019 à l’issue de prolongations sous haute tension (0-1). Comble de l’ironie, les deux formations pourraient se retrouver en finale en cas de qualification. Nul doute qu’à Newport, on y pense secrètement. Pour ce faire, Michael Flynn peut compter sur une tactique parfaitement huilée en 3-5-2 et une assise défensive redoutable. Avec seulement 42 buts encaissés, Newport a terminé troisième meilleure défense du championnat derrière le champion Cheltenham et Stevenage. Solide. Sans être très séduisants, les Exiles ont même longtemps été leaders de League Two avant de connaître un gros passage à vide à partir de février. Ce qui ne les a pas empêchés d’assurer assez sereinement une place pour les playoffs. Si la tâche ne s’annonce pas facile contre une équipe surprenante de Forest Green qu’ils n’ont pas battu lors de la phase régulière (un nul, une défaite), les Gallois ont désormais l’expérience des rencontres à enjeu et des arguments à faire valoir.
L’homme à suivre : Padraig Amond
C’est une romance qui perdure depuis 2017. À désormais 33 ans, Padraig Amond vit une deuxième partie de carrière alléchante sous le maillot de Newport County. Après avoir longtemps bourlingué entre l’Irlande, le Portugal et l’Angleterre, l’Irlandais est parvenu à s’installer durablement au Pays de Galles Au total, plus de 200 rencontres en quatre saisons, des titres individuels honorifiques et des buts à la pelle. Si sa cuvée 2020-21 n’a pas été reluisante et au niveau de la précédente (seulement 6 pions inscrits), Amond reste un finisseur redoutable et connaît l’enjeu des playoffs. Forest Green est prévenu.
Adversaire en demi-finale : Forest Green
Forest Green
Vous le savez sans doute, Forest Green est le club le plus écologique de la planète football et ne cesse de le proclamer sur les réseaux sociaux grâce à son président Dale Vince, consommateur compulsif de Twitter et Instagram. Malgré tout, les Rovers, au-delà de leur politique économique « verte », continuent de progresser chaque saison. Pour la deuxième fois en trois ans, Forest Green va disputer les playoffs d’accession. Éliminé en demi-finale contre Tranmere en 2019, le club de Nailsworth a cette fois-ci l’objectif d’atteindre la finale. Même si, la tâche s’annonce ardue car Forest Green se présente face à Newport dans la peau de l’outsider. Les coéquipiers de l’excellent latéral gauche Bailey Cargill se sont qualifiés in-extremis et ont vu leur entraîneur historique Mark Cooper être limogé mi-avril à la suite de cinq revers cinglants. Le salut est finalement venu de Jimmy Ball, en charge alors de l’équipe U18. À l’instar de Tranmere, les Rovers se présentent à ces playoffs avec quelques zones d’ombre. Mais on le sait, en Football League, rien n’est acquis et tout peut arriver.
Le joueur à suivre : Aaron Collins
Formé à Newport, Aarons Collins attend sans doute plus cette demi-finale que les autres. S’il a déjà disputé plusieurs matches contre ses anciennes couleurs, l’attaquant gallois de 23 ans se sait attendu. Encore plus après une saison couronnée de succès d’un point de vue personnel (10 buts, 7 passes décisives). Son entente avec Jamille Matt a été la clé du succès pour Forest Green. Sa facilité technique et ses qualités de vitesse seront des atouts essentiels. Collins le sait mieux que quiconque, le salut de sa formation passera par son influence.
Adversaire en demi-finale : Newport County
League One (D3)
Blackpool
C’est l’un des invités surprises de ces barrages d’accession. Qui aurait misé sur Blackpool en début de saison ? Pas grand monde. Et sans doute encore moins à la mi-championnat où les Seasiders vivotaient en milieu de classement. Mais à l’amorce du sprint final, le club du Lancashire a surpris son monde en alignant une incroyable série de quatorze matches sans défaite. Le scénario rêvé et une alchimie trouvée au meilleur des moments pour Neil Critchley. L’entraîneur anglais, arrivé en mars 2020 a permis aux Oranges de retrouver une certaine dynamique grâce entre autres à un bloc solide. En effet, Blackpool peut se targuer d’avoir eu la meilleure défense de League One cette saison avec seulement 38 buts encaissés juste devant Hull City. Mais la recette du succès s’explique également par des trouvailles intelligentes comme le recrutement de Kenny Dougall (Barnsley), Keshi Anderson (Swindon Town), Jerry Yates (Swindon) et les prêts réussis des deux jeunes d’Everton Luke Garbutt et Ellis Simms. Seule fausse note, le prêt manqué de Ben Woodburn en début de saison. En clair, ce Blackpool ne ressemble plus à celui du milieu des années 2010, où le cirque permanent au sein du club ne permettait pas aux Seasiders d’avancer. La donne a changé et le calme est revenu. Après la tempête, vient le beau temps. À Blackpool, on peut y croire.
L’homme à suivre : Jerry Yates
Les amoureux de la Football League ne seront sans doute pas surpris du niveau affiché par Jerry Yates depuis plusieurs mois. Il faut dire que l’année passée, le virevoltant attaquant de 24 ans avait déjà réussi une saison pleine de promesses avec Swindon (14 buts). Bis repetita, mais avec Blackpool. Redoutable finisseur, l’ancien joueur de Rotherham a été l’élément moteur des Seasiders en inscrivant la bagatelle de 20 pions en championnat, soit le meilleur total pour un joueur du club depuis Andy Watson lors de la saison 1992-93 ! Si bien que ses prestations ont retenu l’attention. Le joueur est surveillé par de nombreuses écuries de Championship et Blackpool, en cas d’échec en playoffs, espère bien le vendre à un excellent prix. Dans les coursives de Bloomfield Road, on parle même d’une somme plutôt rondelette. Mais chez les fans, on aimerait surtout voir le joueur porter les couleurs du club en Championship. Pour cela, Jerry Yates devra réitérer ses bonnes prestations contre Oxford United. En attendant une éventuelle finale.
Adversaire en demi-finale : Oxford United
Sunderland
Et si Sunderland faisait son retour en Championship ? Une chose est sûre, l’arrivée de Lee Johnson en décembre dernier a complètement transformé les Black Cats. L’ex coach de Bristol City a apporté du sang neuf à une équipe en manque d’inspiration. Nouvel état d’esprit, jeu porté vers l’avant, le Sunderland de la deuxième partie de saison n’a rien eu à voir avec celui de la première partie. Un changement radical qui s’est illustré par de nombreuses séries d’invincibilité et la faculté à aller chercher des résultats probants à l’extérieur (seulement deux défaites hors de ses bases en 2021). Surtout, contrairement à la saison passée, Sunderland a pu compter sur ses individualités : Lynden Gooch, Max Power, Luke O’Nien, Grant Leadbitter, Chris Maguire et le buteur retrouvé, Charlie Wyke (25 buts). Le retour en prêt de ce bon vieux Aiden McGeady a également joué un rôle prédominant dans un exercice 2020-21. L’Irlandais de 35 ans, au-delà de son expérience, a réalisé une saison très probante (4 buts, 14 passes décisives) et s’est mué en véritable patron du vestiaire. Autant dire que Sunderland arrive en playoffs avec des ambitions et de grosses garanties. Ce qui avait peut-être manqué en 2019 après la finale des playoffs perdue contre Charlton. Cette fois-ci, les feux semblent au vert et toute une ville attend un retour en Championship, avant pourquoi pas, d’aspirer à mieux.
L’homme à suivre : Charlie Wyke
Décevant depuis deux saisons, l’attaquant de 28 ans a enfin confirmé toute l’étendue de son talent. Et l’arrivée de Lee Johnson à Sunderland n’y est pas étranger. Car avant la venue du coach anglais, Charlie Wike était parti sur le même rythme que les saisons précédentes avec seulement 5 pions inscrits en seize journées. Puis, l’ex buteur de Bradford a enclenché la machine : 20 buts en 26 journées, dont un quadruplé brillant contre Doncaster et un triplé à Wimbledon. Très à l’aise dans le 4-4-2 à plat de Johnson, aussi bien aux côtés de Lynden Gooch ou Aiden O’Brien, Charlie Wike a été l’élément moteur du nouveau Sunderland avec des qualités de finition retrouvées. Derrière Johnson Clarke-Harris, meilleur buteur de League One (31 buts), l’Anglais a prouvé qu’il pouvait lui aussi aligner les buts. Sa place dans le onze de l’année n’est clairement pas usurpée.
Adversaire en demi-finale : Lincoln City

Lincoln City
Dans le paysage du football anglais, Lincoln City symbolise à merveille les clubs qui travaillent bien et qui montent les marches une par une. Encore en National League il y a quatre saisons, les Imps vont jouer pour la première fois une montée en Championship au vingt-et-unième siècle. Une montée en puissance qui s’explique par un virage pris à quatre-vingt dix degrés ces dernières années. Obligé d’assainir ses finances, Lincoln a fait le choix de recruter ou de se faire prêter des jeunes joueurs issus des academy de Premier League ou de Football League. Tout cela, en complétant leur effectif de joueurs expérimentés à bas coût. Cette saison n’a pas dérogé à la règle. Les expérimentés Liam Bridcutt (Nottingham Forest) et Liam Walsh (MK Dons) sont venus renforcer un effectif relativement jeune (23 ans de moyenne d’âge). Et les résultats sont vite arrivés. C’est bien simple, Lincoln n’a quitté qu’à une seule reprise les sept premières places cette saison, c’était au soir de la 18e journée. Derrière, cela n’avait pas empêché les Imps de revenir dans le jeu et d’être leaders au championnat avant de connaître une fin de saison en dents de scie avec seulement trois victoires lors des huit dernières journées. Mais la formation de Michael Appleton a du talent à revendre et se présente dans la peau du parfait outsider.
L’homme à suivre : Brennan Johnson
À la recherche de jeunes talentueux, le board de Lincoln s’est mis d’accord en septembre dernier avec Nottingham Forest pour se faire prêter l’une des pépites de son academy, Brennan Johnson. Il n’a pas été déçu. À seulement 19 ans, le virevoltant ailier gauche a crevé l’écran en League One. Capable de fragiliser les défenses grâce à sa vitesse et sa technicité, l’enfant de Nottingham a surtout montré de la polyvalence en évoluant sur tout le front de l’attaque et même au cœur du milieu à trois de Michael Appleton. Résultat, 10 buts et surtout, 12 passes décisives. Des statistiques prometteuses qui ont réjoui Lincoln, mais aussi Nottingham. Avant de repartir vers son club parent, Brennan Johnson aimerait bien offrir aux Imps une montée en Championship. Il a toutes les cartes en main.
Adversaire en demi-finale : Sunderland
Oxford United
Finaliste malheureux de la saison dernière, Oxford United a longtemps cru ne pas pouvoir atteindre les playoffs. Tout s’est joué lors d’une dernière journée à couteaux tirés où les pensionnaires n’avaient clairement pas leur destin entre les mains. Mais Portsmouth a raté la dernière marche et Oxford en a profité pour arracher le dernier billet à la différence de buts. Avant cela, les hommes du jeune et talentueux Karl Robinson, ont longtemps tâtonné et perdu des rencontres-clé contre des concurrents directs à l’accession. Une irrégularité qui aurait pu coûter cher. Finalement, grâce à un jeu toujours très séduisant, les Us sont arrivés à se frayer in extremis un chemin vers les playoffs. Les principales forces de cette Oxford United version 2021 ? Le recrutement judicieux de Matty Taylor en provenance de Bristol City (18 buts) et le prêt concluant du jeune anglo-irlandais Olamide Shodipo, débarqué de QPR (10 buts). Deux arrivées de choix qui se sont parfaitement associées à un collectif huilé et qui se connaît sur le bout des doigts. En effet, à Oxford United, la continuité est le maître mot depuis l’arrivée en League One il y a cinq ans. Sans faire de bruit et avec des joueurs expérimentés. Après avoir échoué d’un cheveu en 2020, les Us veulent enfin toucher les étoiles.
L’homme à suivre : Robert Atkinson
Révélation de la saison en défense centrale, Robert Atkinson a passé son examen de passage avec brio. Une belle surprise puisque avant d’enchaîner 39 titularisations en League One, le défenseur anglais n’avait disputé aucun match avec Oxford ni même en Football League ! L’année passée, les Us l’avaient prêté à Eastleigh en National League pour gagner du temps de jeu après l’avoir repéré en 2019 du côté de Braintree, là encore en National League. Une ascension éclair qui lui a permis de montrer toutes ses qualités en League One. Dur sur l’homme, fort dans le duel aérien et plutôt excellent à la relance, Atkinson a parfaitement complété Elliott Moore, son aîné de deux ans. Une charnière jeune et talentueuse qui va pouvoir pleinement s’exprimer durant ces playoffs.
Adversaire en demi-finale : Blackpool
Championship (D2)
Brentford
Meilleure attaque de Championship au terme de la saison régulière avec 79 buts au compteur, Brentford attaquera, pour la deuxième saison de suite, les barrages avec un appétit encore plus profond après la désillusion du mois d’août dernier face à Fulham à Wembley. Il faut dire que Thomas Frank et ses Bees, malgré les quelques départs majeurs concédés entre temps, ont su garder une certaine identité de jeu axée vers l’offensive tout en basculant vers un 3-5-2 plutôt osé, et un peu provoqué par la blessure de Rico Henry, au vu des sélections opérées par le manager Danois. Christian Norgaard, pourtant milieu récupérateur, semble avoir trouvé refuge aux côtés des indiscutables Pontus Jansson et Ethan Pinnock. Offensivement, avec l’apport de Bryan Mbeumo et Sergi Canos, le grand gagnant de ce changement de dispositif sera certainement Marcus Forss. Supersub de la formation du Grand Londres avec neuf réalisations totalisées toutes compétitions confondues, le jeune attaquant Finlandais a gagné des points aux yeux de Thomas Frank et présente une complémentarité intéressante avec l’inévitable Ivan Toney sur le front de l’attaque. Jouer et oser, voilà tout ce que le plus Scandinave des clubs britanniques a su faire depuis des années, tout en affichant la meilleure série d’invincibilité en cours avec douze matchs sans défaite et en restant fidèles à leurs principes de jeu. Piégés l’été dernier, les Bees ont un nouveau rendez-vous à ne pas manquer avec leur histoire, une dernière marche à franchir. D’autant que Brentford aborde pour la dixième fois de son histoire une campagne de playoffs en Football League, aucune autre équipe ne fait mieux (ex-aequo avec Preston North End). Mais le club londonien n’a jamais obtenu la montée via les barrages. Une statistique qu’il aimerait enfin effacer.
L’homme à suivre : Ivan Toney
Saison de la confirmation, des records, des émotions, des buts ! Les qualificatifs ne manquent pas pour caractériser l’exercice 2020-2021 d’Ivan Toney. Recruté en provenance de Peterborough United l’été dernier contre £10 millions bonus compris, l’attaquant de 25 ans n’a cessé de martyriser les défenses de Championship à travers son assurance et sa maîtrise devant les buts, deux traits qui l’auront finalement propulsé vers le statut de recordman en terme de buts inscrits sur une saison régulière avec 31 buts. Outre ses qualités de finisseur à travers plusieurs compartiments du jeu, notamment le jeu de tête et ses 6 buts inscrits avec son mètre quatre-vingt, l’ancien scoreur de Scunthorpe dispose d’un packaging intéressant avec des qualités de jeu dos au but, en remise, primordiales dans le dispositif mis en place par Thomas Frank (10 passes décisives, cinquième meilleur total de Championship) en vue du probable tandem formé avec Marcus Forss. Ne pas égarer la force de frappe de leur renard des surfaces, mais aussi éviter une potentielle dépendance à Ivan Toney, telle sera la mission des Bees face à Bournemouth.
Adversaire en demi-finale : Bournemouth

Bournemouth
En face, la saison de Bournemouth n’a pas été aussi calme. Peu réguliers en début de saison malgré la pléthore de talent au sein de leur effectif, les Cherries n’ont pas pu suivre la même cadence que leurs concurrents directs pour la montée. Depuis l’éviction de Jason Tindall, et sous la houlette de Jonathan Woodgate, la saison du club côtier a pris une tournure intéressante sous un nouvel état d’esprit insufflé par l’ancien manager de Middlesbrough. Bien que l’identité de jeu proposée reste à déterminer sur la durée, au-delà du fameux, les Cherries ont su trouver une certaine alchimie sur chaque ligne. Cerise sur le gâteau, la fin de saison canon – certes entachée par les trois défaites consécutives quand l’enjeu n’y était plus vraiment – pourrait leur permettre de déclencher un certain élan pour les barrages. En effet, depuis l’arrivée de Woody, seuls les Canaries de Daniel Farke ont inscrit plus de buts (40) que les Cherries (33). Une fluidité offensive retrouvée à travers la facilité technique de Philip Billing, la fougue et la précision technique d’Arnaut Groeneveld Danjuma (15 buts, 7 passes décisives), et aussi la présence de Dominic Solanke, auteur d’une saison prometteuse après un début d’aventure compliqué dans le sud du Royaume. Défensivement, Woodgate a trouvé en la paire axiale Steve Cook – Cameron Carter-Vickers un duo assez complémentaire, bien soutenu par le jeune polyvalent Lloyd Kelly et l’infatigable doublette Jefferson Lerma – Ben Pearson (en l’absence de Lewis Cook).
L’homme à suivre : Philip Billing
C’est l’un des nombreux Danois à évoluer en Championship, mais certainement pas le moins doué. Philip Billing réalise tout simplement la meilleure saison de sa carrière depuis ses débuts en professionnels en Championship avec Huddersfield en 2013. D’abord la meilleure en termes de statistiques, avec huit buts et quatre passes décisives (plus que son total de buts en championnat sur l’ensemble de sa jeune carrière), mais aussi dans son jeu et l’importance que peut avoir son jeu sur le dispositif déployé par son entraîneur anglais. Lien parfait entre le milieu et le secteur offensif des Cherries, le jeune Danois de 24 ans sait comment s’y prendre dans la construction et la finition à travers la facilité de son jeu et pourrait s’illustrer de nouveau avec son pied gauche. «En entamant la saison, le but était d’obtenir la montée. Si vous jetez un coup d’œil sur notre effectif, il est pétri de talents et probablement encore un effectif de Premier League. S’ajoute alors la pression et l’attente des gens qui s’attendent à ce que vous gagniez.», Philip Billing le sait plus que tout autre joueur, le salut passera certainement par son rôle et son influence.
Adversaire en demi-finale : Brentford
Barnsley
Invité surprise de ces barrages version 2020-21 après un début de saison poussif sous les ordres du manager autrichien Gerhard Struber, Barnsley a su opérer méthodiquement pour trouver un successeur à son ancien entraîneur, enrôlé par le groupe Red Bull pour leur club de New York, et finalement opter pour le choix Valérien Ismaël, dont le profil de son LASK (Autriche) adhérait parfaitement à la ligne directrice suivie par les dirigeants dans l’optique de garder la même identité de jeu axée sur le pressing et l’intensité et dans la continuité du travail de Daniel Stendel et Gerhard Struber. Depuis, les Tykes n’ont cessé de mener la vie dure à leurs adversaires grâce à leur dépense d’énergie mais aussi un dispositif bien élaboré par le manager alsacien avec notamment les jeunes pistons Callum Styles et Callum Brittain, un solide bloc défensif parfaitement guidé par le taulier Polonais Michal Helik et un entrejeu bien huilé sous l’impulsion du capitaine Alex Mowatt. Devant, les Reds présentent un style particulier, bonifié par le dézonage et le jeu en déviation de Cauley Woodrow ou encore les courses de Conor Chaplin et Carlton Morris. Formation qui dégage beaucoup de charme avec le peu de moyens dont elle dispose, le club du Yorkshire du Sud sait comment s’y prendre avec les doux rêveurs qui suivent le Second Tier depuis quelques saisons. Huit mois après The Great Escape à Griffin Park, pourquoi pas une dernière danse pour un retour de la Premier League à Oakwell ?
L’homme à suivre : Daryl Dike
À la recherche de nouveaux profils qui pourraient faire souffler, voire épauler Cauley Woodrow et concurrencer Dominik Frieser et Conor Chaplin, le board des Reds a flairé le bon coup en allant piocher au cours du mercato hivernal, avec Carlton Morris, le jeune Américain Daryl Dike. L’apport du géant d’Orlando City (prêté par le club de Major League Soccer) aura déjà dépassé les attentes placées en lui avec déjà 9 pions inscrits en seulement 13 titularisations. Capable de fragiliser les défenses adverses de par son mètre quatre-vingt-sept (14.5 duels aériens joués par match, seul Kieffer Moore de Cardiff a fait mieux) et de remiser vers ses compères tout en subtilité, Dee-Kay s’est largement montré à son avantage au cours de la deuxième partie de saison et commence déjà à faire saliver plusieurs clubs en Europe. Vous l’aurez compris, l’attaquant de 20 ans est très prometteur, et risque de jouer un rôle prépondérant dans la double confrontation face à Swansea.
Adversaire en demi-finale : Swansea
Swansea
Malgré une vision à moyen terme difficile à déterminer et une fin de saison pas à la hauteur des enjeux après avoir longtemps côtoyé les deux places accessibles à l’élite du football anglais, Swansea tient encore tous les arguments nécessaires sous la houlette de son jeune entraîneur Steve Cooper afin de retrouver la Premier League, trois ans après l’avoir quittée. L’expérience, d’abord, et les leçons tirées de la double confrontation face à Brentford la saison dernière. La qualité intrinsèque du groupe, ensuite, la diversité des profils et des forces offensives avec notamment la projection des deux pistons Connor Roberts (5 buts et 7 passes décisives) et Jake Bidwell (8 passes décisives). Finalement, le club gallois pourra compter sur une bonne assise défensive (39 buts encaissés, troisième meilleure défense du championnat) tirée vers le haut par l’excellent portier Freddie Woodman (prêté par Newcastle), le vécu de Kyle Naughton ou encore Ryan Bennett et les jeunes éléments Marc Guehi (Chelsea) et Ben Cabango et les plusieurs automatismes créés autour du duo d’attaque André Ayew et Jamal Lowe, tout aussi complémentaires que décisifs. La bande à Steve Cooper semblait bien partie pour pousser Norwich et Watford vers leurs limites avec la perspective d’une finale pour la dernière journée de la saison régulière face aux Hornets, elle pourra désormais s’en offrir une vraie à Wembley. Swansea City attaquera sa huitième participation en playoffs de Football League. La dernière montée des Swans via les barrages remonte à 2011 sous les ordres de Brendan Rodgers.
L’homme à suivre : Conor Hourihane
Buteur pour son baptême de feu avec les Swans en Championship, avant d’enchaîner sur une série de quatre buts en cinq matchs de championnat, Conor Hourihane a su apporter toute sa classe dans le cœur du jeu et entend mettre son pied gauche à contribution pour les barrages, épreuve qu’il a auparavant surmonté avec Barnsley (League One en 2016) et son club parent Aston Villa (Championship en 2019). Sa qualité de frappe vient s’ajouter à son évidente capacité de dicter le tempo et fragiliser les blocs adverses dans la construction ou sur phases arrêtées. Avec la baisse de régime subie au cours du sprint final, la trêve d’avant-barrages arrive à point nommé pour le milieu irlandais de 30 ans. Une chose est sûre, s’il y a bien un joueur de Swansea qui sait comment aborder une campagne de playoffs, c’est bien Conor Hourihane. Son ancien club est prévenu.

Adversaire en demi-finale : Barnsley
Avec Yassine de @freflchamp